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Les recherches sur le vaccin contre la covid-19

Les recherches sur le vaccin contre la covid-19

24-11-2020 à 15:33:00

Ces derniers jours, on parle beaucoup de vaccins, comme d’un espoir pour voir se terminer l’épidémie de covid-19. Plusieurs laboratoires ont annoncé avoir fabriqué des vaccins efficaces contre la maladie et certains gouvernements se posent la question d’obliger tout le monde à se faire vacciner. À l’inverse, beaucoup de personnes sont inquiètes de ces nouveaux vaccins. Que sait-on pour l’instant ?

Les vaccins fabriqués par les laboratoires, notamment Pfizer et Moderna, sont présentés comme « efficaces à 95 % ». Cela signifie que ces vaccins ont été d’abord testés sur des animaux puis sur des hommes pour vérifier qu’ils n’étaient pas toxiques ou mal supportés. Lors d’une troisième étape, on les a injectés à plusieurs dizaines de milliers de volontaires non malades, que l’on a suivis. Pour la moitié des volontaires, on a injecté un placebo, c’est-à-dire un produit neutre qui n’a aucun effet, l’autre moitié a reçu le vaccin. C’est ce qu’on appelle une étude prospective (on ne sait pas d’avance le résultat) en double aveugle (les médecins et les patients ne savent pas ce qui est injecté à chacun). Quand un à deux cents d’entre eux ont déclaré une covid-19, on a regardé lesquels avaient été vaccinés ou non. On a constaté que le fait d’avoir reçu le vaccin diminue de 95 % le risque d’avoir la maladie par rapport à ceux qui ont reçu le placebo. Voilà d’où viennent les chiffres.

Pourquoi ces débats, alors ? Pour plusieurs raisons. D’abord, dans une étude comme celle-là, sur un nouveau vaccin, il faut du temps pour suivre l’évolution des résultats. La diminution de 95 % du risque a été calculée pour 160 patients malades sur 44 000 volontaires par Pfizer, par exemple. Cela ne fait pas encore beaucoup de personnes et le recueil des résultats doit continuer pour avoir des certitudes, même si les premiers éléments sont encourageants. Ensuite, les deux produits actuellement présentés sont des vaccins à ARN, ce qui est un type de vaccin utilisé chez les animaux mais pas encore autorisé chez l’homme.

De quoi s’agit-il ? Pour créer des défenses contre un virus ou une bactérie, on a besoin que le corps sache reconnaître une partie de ceux-ci, comme des protéines (grosses molécules qui ont des formes caractéristiques) de leurs surfaces (de leur couronne pour le coronavirus). Ces protéines sont reconnues comme des « antigènes » (des intrus) par le corps, contre lesquels il va fabriquer des anticorps pour les bloquer ou les détruire. Pour arriver à ce résultat, le plus souvent on injecte des petits morceaux de virus dans le corps, ce sont les vaccins classiques, qu’on peut appeler « protidiques » ou « antigéniques ».

Mais on peut aussi utiliser une technique plus complexe, qui coûte beaucoup moins cher : au lieu d’injecter des protéines du virus, on utilise nos cellules pour les fabriquer elles-mêmes. En
effet, dans chacune de nos cellules il y a de l’ADN, de longs fils d’une sorte de code qui donne des ordres pour fabriquer les protéines de notre corps. Cet ADN est traduit dans le noyau des cellules en petits morceaux d’ARN. Ces derniers sortent du noyau et rentrent dans de petites « machines à protéines », les ribosomes, qui transforment le code des ARN en protéines. Chaque petit morceau d’ARN peut passer de nombreuses fois dans les ribosomes.

Or, on sait fabriquer en laboratoire des morceaux d’ARN qui codent pour telle ou telle protéine. Les vaccins proposés ces derniers jours consistent donc à injecter de l’ARN codant pour des protéines du coronavirus SARSCov2, de façon à ce que nos cellules fabriquent elles-mêmes les petites protéines de la covid qui seront ensuite reconnues comme étrangères et provoqueront la fabrication d’anticorps.

L’avantage pour les laboratoires, c’est que cela évite de cultiver le virus en grande quantité – ce qui est délicat, long et coûte cher. Cependant, jusqu’ici les vaccins à ARN n’étaient pas autorisés chez l’homme par précaution, parce que l’on a peu de recul sur leurs conséquences à très long terme. On injecte déjà de l’ARN dans certaines maladies très rares et graves pour que le corps fabrique les protéines qui lui manquent, mais pas encore pour vacciner. Certaines personnes pensent donc qu’il vaut mieux attendre de ne pas être dans une situation d’urgence pour prendre cette décision.

D’autres laboratoires préparent des vaccins protidiques, plus « classiques » contre le coronavirus, mais leurs résultats ne sont pas encore publiés.

Voilà, vous savez tout. Continuons d’avancer, avec enthousiasme… et prudence !

Dr Anne-Sophie Biclet

Actuailes n° 123 – 25 novembre 2020


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