Mon cher Grégoire,
Nous parlions des chemins de Compostelle l’autre jour. Une des superbes étapes de ce chemin en France est l’abbaye de Moissac. C’est l’un des plus beaux ensembles architecturaux français. Elle a failli être détruite en 1830, puis en 1850 au moment de la construction des chemins de fer ! Il faut savoir qu’au XIXe siècle tout ce qui avait trait à l’Ancien Régime ou qui paraissait vieux ou trop monarchique était en passe d’être détruit.
Je vais t’expliquer qui l’a sauvée des destructions post-révolutionnaires. Le 25 novembre 1830 était créé le poste d’inspecteur général des Monuments historiques. Celui qui est à ce poste a la charge de l’Histoire de France, à travers ses monuments et son art !
Le premier inspecteur général fut Ludovic Vitet.
À ce poste, il sillonna la France pour établir des catalogues d’œuvres d’art. Il créa la commission des Monuments historiques, chargée d’attribuer des subventions pour la restauration des monuments. Il écrivit un rapport sur les monuments historiques en 1831 à l’issue de sa première tournée dans le nord de la France. Il parle de beaucoup de sujets, car il s’occupait non seulement des monuments mais aussi des musées, des bibliothèques, des archives et des écoles d’enseignement artistique.
Victor Hugo aussi, à cette époque, s’insurge de la destruction de l’ancienne France et de ses monuments. Le rapport de Vitet fut utilisé par ce grand poète pour écrire un texte intitulé : Guerre aux démolisseurs publiée en 1832. Vitet, lui, continua son œuvre. Il réalisa deux autres tournées, l’une vers la Bourgogne, le Lyonnais et le Puy en 1831. L’autre se fit vers le Sud-Ouest en 1833 et lui donna l’occasion de sauver le cloître de cette magnifique abbaye de Moissac.
Changeant de poste, il laissa sa place à Prosper Mérimée. Ils lancèrent ensemble de nombreuses initiatives pour sauver nos beaux monuments. Ludovic Vitet mourut à Paris, il est enterré dans le cimetière de Montmartre. Je n’ai pas la liste de tous les inspecteurs généraux des Monuments historiques. La trouverais-tu ? Grâce à eux, notre France est restée belle. Quant à l’abbaye, nous la visiterons ensemble quand tu descendras me voir en décembre !
Affectueusement,
Tante Cécile
Actuailes n° 123 – 25 novembre 2020
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