facebook logo Twitter logo

facebook logo Twitter logo

Logo Header
Télécharger dernier numéro
La folle élection américaine

La folle élection américaine

08-12-2020 à 18:12:00

Depuis leur création le 4 juillet 1776, les États-Unis constituent un laboratoire de la démocratie. Les observations de ce système instruisent notre propre système sur les recettes qui fonctionnent, leurs limites et les écueils à éviter.

Alexis de Tocqueville proposait déjà une analyse encore pertinente dans La Démocratie en Amérique. Les tendances à l’œuvre aujourd’hui aux États-Unis se retrouvent en France, bien que dans une moindre mesure : société de plus en plus inégalitaire, discriminations sociales et culturelles qui affectent la cohésion de la nation, progrès des discours populistes, etc. C’est pourquoi l’analyse de ces élections oriente les choix de nos décideurs. Ils s’appuient sur l’expérience américaine pour mesurer l’impact de la crise sanitaire sur les votes, déterminer les sujets d’intérêt pour les citoyens, mesurer l’impact des messages politiques, etc. L’élection américaine a donc des conséquences sur notre propre vie politique française.

Par ailleurs, le choix du président américain (démocrate ou républicain) aura un impact économique : si les taxes sur les importations françaises augmentent, nos entreprises seront pénalisées sur le marché américain, qui constitue le premier partenaire commercial de l’Union européenne. Même en matière militaire, les orientations défendues affecteront nos opérations, puisque nous sommes interdépendants dans une partie de nos engagements. Suivre le déroulement des élections américaines nous aide donc pour comprendre ce qui pourrait advenir chez nous.

Attachons-nous donc à comprendre le système électoral, finalement plus simple qu’il n’y paraît. En France, où nous avons un État unique, tous les citoyens votent directement pour choisir leur président. Les États-Unis sont une fédération d’États, c’est-à-dire plusieurs États qui ont choisi de mettre en commun un certain nombre de leurs prérogatives. Le président des États-Unis dirige donc cette fédération. Il est élu par les 538 représentants – les grands électeurs – désignés par les cinquante États.

Le processus se fait en trois étapes successives.

Étape 1 Les caucus : identifier les candidats des deux grands partis

Au sein de chacun des deux partis (démocrate ou républicain) et dans chaque État, les citoyens devront désigner des délégués. Ces délégués se rassembleront ensuite lors d’une convention nationale du parti, au cours de laquelle sera désigné le candidat du parti à l’élection présidentielle. Dès ce stade, il ne reste donc plus que deux candidats pour tous les États-Unis.

Étape 2 Le moment crucial : le choix des grands électeurs

Des élections organisées dans chaque État vont ensuite permettre de déterminer qui seront les grands électeurs (ceux chargés de voter pour choisir le président). Cette étape est cruciale, car tous les grands électeurs de l’État en question appartiendront au même parti. La Californie par exemple, qui est un État très peuplé, aura cinquante-cinq grands électeurs. Même si, lors des élections dans l’État de Californie, les Républicains remportent 45 % des suffrages, ils ne seront pas représentés parmi les cinquante-cinq grands électeurs de l’État. Ce système dit the winner takes all ne laisse donc pas de place pour l’expression des minorités.

Il y a donc des États qui comptent plus que d’autres, car ils sont très peuplés. Mais il importe aussi de voir s’ils peuvent basculer en faveur de l’autre camp, car il y a alors beaucoup de grands électeurs à gagner ! Si les intentions de vote indiquent que le score sera très serré, les candidats feront un effort marqué sur ces quelques États stratégiques, appelés swing states. Finalement, il est possible qu’un candidat soit élu alors que la majorité des votes des citoyens ne lui sont pas favorables.

Étape 3 Les formalités : le vote des grands électeurs et l’inauguration présidentielle

Les grands électeurs sont tenus de voter pour le parti qu’ils représentent. À ce stade, l’élection présidentielle est donc déjà jouée, à moins qu’il y ait eu une irrégularité lors des votes ou du décomptage des voix. Le vote des grands électeurs sert donc à respecter le processus électoral décrit dans la Constitution.

La prise de fonction du candidat désigné intervient ensuite le 20 janvier, au cours de l’Inauguration Day.

Cette année, comme vous le savez, c’est le candidat démocrate Joe Biden qui a été élu avec 306 voix de grands électeurs contre 232 pour le Républicain Donald Trump.

Actuailes n°124 - mercredi 9 décembre 2020


0 vote


Imprimer