L’orage vient de passer. Les nuages noirs dans le lointain et la mer, encore agitée de vagues écumeuses, en sont la preuve. La place est maintenant au beau temps. Il est vrai que les bords de mer peuvent voir le temps changer rapidement. Une averse, un orage, puis le vent balaie ce qui reste de nuages, laissant une terre comme nettoyée par ce grand ménage venu du ciel. Le peintre parvient à nous faire ressentir un soleil d’une grande luminosité à travers les nuages.
Il n’y a rien ici que le paysage. Aucun être humain. Pas d’ani-maux. Le ciel, la falaise, la plage, un peu d’herbe rase. Mais quel lieu exceptionnel !
La précision du dessin est presque photographique. Les barques situées au premier plan laissent deviner leur contenu. Leur coque noire tranche avec le beige du sable. Les ombres sont nettes, sur la plage comme sur l’herbe et la mer. La falaise, massive, imposante, occupe une grande partie de la toile. L’arche de pierre l’allège à peine. Mais dès que notre regard glisse à droite, la perspective nous entraîne alors dans le lointain, vers l’horizon.
Courbet a peint les falaises d’Étretat à plusieurs reprises. Elles sont si hautes et leurs arches si étonnantes qu’il n’est pas surprenant qu’elles lui aient servi de modèle ! La Porte d’Aval, puisque tel est le nom de celle représentée sur ce tableau, a fait le bonheur d’autres peintres, en particulier des impressionnistes
Ils sont venus nombreux fixer sur la toile la falaise de craie blanche et ce fascinant passage dans la mer (Étretat en comporte deux autres), creusé par une rivière souterraine dont le lit longe la plage.
Sophie Roubertie
Actuailes n°124 - mercredi 9 décembre 2020
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