Après trente ans de cessez-le-feu entre le Maroc et le « territoire non autonome » du Sahara occidental, situé au sud du Maroc,
le conflit s’est tristement rallumé ces dernières semaines. L’armée de Mohammed VI, roi du Maroc, s’est introduite dans la zone tampon de Guerguerate, seul axe menant à la Mauritanie et qui était bloquée par le Front Polisario, principal parti rebelle.
Une ancienne colonie espagnole
Cette longue bande de terre égale à la moitié de la France, coincée entre les eaux poissonneuses de l’Atlantique et le désert mauritanien, est un vestige de colonie espagnole de la fin du XIXe siècle. C’est en 1975, après la « marche verte » lancée par le roi marocain Hassan II, où 350 000 de ses sujets ont pénétré le territoire sahraoui, que l’Espagne a cédé sa colonie au Maroc.
Aujourd’hui, la région est surtout gérée par le Maroc. L’autre partie est contrôlée par le Front Polisario, qui se revendique de la République arabe sahraouie démocratique, non reconnue par l’ONU. D’ailleurs, une mission des Nations unies est déployée dans la région de Guerguerate.
Au milieu du désert, une source de convoitises
Le roi du Maroc affirme régulièrement ses ambitions pour exploiter les potentiels économiques et énergétiques du « grand sud marocain ». Car le désert, en cet endroit, est plein de ressources. Il multiplie donc les investissements : infrastructures routières et immobilières, ports en Atlantique (riche en ressources halieutiques – qui concerne la pêche), projets énergétiques, stations balnéaires (pour les amateurs de surf).
Mais la stratégie marocaine est aussi diplomatique : sous l’influence de Rabat, de nombreux pays ouvrent des consulats dans les villes sahraouies de Laâyoune et Dakhla, afin d’y faire reconnaître l’autorité du Maroc. En somme, les issues pour le Polisario de se faire entendre sont minces…
Mais où va-t-on ?
La situation s’est dégradée en affrontements armés entre Marocains et Sahraouis. Ces derniers sont soutenus par l’Algérie voisine, qui ne prend cependant pas directement part au bras de fer. La Mauritanie et l’ONU, pourtant aux premières loges, font figures d’entités marginalisées.
Et même s’il souhaite un apaisement de la situation, le royaume marocain ne cèdera pas un lopin de cette terre sahraouie. Car vu les richesses de ses sols et de ses eaux, vu les investissements consentis et vu l’acceptation par la communauté de cet état de fait, Rabat en fait son combat. Si l’économie n’est pas toujours le nerf de la guerre, elle en est au moins souvent le motif.
Abu Jibril
Actuailes n°124 - mercredi 9 décembre 2020
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