Un Noël sous les cocotiers, je ne peux pas t’expliquer… C’est un Noël sans fraîcheur. Sans manteau blanc,si ce n’est celui du sable qui borde l’océan. Mais non sans ardeur, sans senteur... c’est un Noël haut en couleurs !
Dans un petit village local, à une heure de la capitale grouillante et bruyante, c’est pieds nus que l’on part à la messe à la nuit tombée. On s’est bien renseigné le matin même auprès des villageois, mais c’est peine perdue, nous n’aurons pas l’horaire exact de la messe. L’un dit 18h, le deuxième minuit et le troisième 22h. Qu’à cela ne tienne, nous couperons la poire en trois et nous nous rendrons à la chapelle à 21h. L’horaire de la messe, c’est bien une question d’Européen. Pour les paroissiens du village, il n’est pas question de connaître l’heure, il est question d’être là, ce soir-là, avec ferveur.
Les bruits sourds des vagues qui se fracassent sur la côte accompagnent notre marche. On se fraye un chemin vers la chapelle, on passe sous un palmier, on croise un manguier puis un frangipanier, la nature africaine est foisonnante… la nature humaine africaine l’est tout autant ! Foisonnante de spontanéité, de joie partagée, de sourires échangés. Nous arrivons. Nous serons les seuls Blancs de l’assemblée, nous sommes accueillis « simplement »… et placés devant, au premier rang, tels des invités importants. Très vite, nous nous sentons parfaitement intégrés dans leur famille paroissiale. Chants, danses, processions des offrandes, acclamations, recueillement, ponctuent la nuit, quatre heures durant… Nous avons bien eu le temps de fêter dignement la naissance du Petit Jésus !
Nous avons le cœur bouleversé de tant de simplicité. Aurions-nous su, nous, sur nos bancs habituels, à notre place habituelle, dans notre paroisse habituelle, entourés des visages familiers de nos parents, frères, sœurs, cousins et amis, accueillir l’inconnu ? Y aurions-nous simplement pensé ?
Le lendemain matin, nous croisons des enfants, par fratries complètes, sourires vissés aux lèvres qui dépassent toutes les pauvretés. L’un suce une orange, les autres partagent quelques bonbons, tous arborent leurs plus beaux vêtements, souvent rapiécés, troués ou chiffonnés mais leur richesse est ailleurs...
Le savais-tu ?
Dans les églises en Côte d’Ivoire, au cours des célébrations eucharistiques, en plus des quêtes traditionnelles qui sont généralement au nombre de deux ou trois, des laïcs, hommes et femmes,
apportent des offrandes en dansant, au rythme de la chorale et des djembés. Ces offrandes peuvent se constituer de sacs de riz, boîtes de sardines, huile, fruits, œufs... tout ce qui fait la base de leur alimentation. En cette fête de Noël, il y avait également un coq... vivant (qui ne l’est probablement pas resté très longtemps !).
Euphémie de Beauregard
Actuailes n° 125 - 13 janvier 2021
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