Une petite mise au point pour mieux comprendre ce qu’est un virus à ARN et ce que sont les variants dont on parle tant.
L’ADN est le support génétique de tous les êtres vivants. En se reproduisant, il arrive que des erreurs se fassent, ce sont des mutations. Certaines sont anodines, invisibles et appelées « mutations silencieuses ». D’autres, en revanche, entraînent une modification de la cellule. L’ARN est très proche chimiquement de l’ADN, il est aussi dans les cellules. Mais il est nettement moins stable que l’ADN.
Et les virus ?
On distingue deux familles de virus :
– ceux à ADN (comme la varicelle, par exemple).
– ceux dont le matériel génétique est un ARN, appelés donc virus à ARN (parmi lesquels on trouve rougeole, grippe, polio, etc.). La particularité de ces virus à ARN est de muter très souvent. La plupart du temps ces mutations sont dites silencieuses mais pas toujours… Ainsi, pour la grippe, le vaccin est modifié chaque année car la médecine s’adapte.
Qu’en est-il du virus de la covid alors ?
Le virus responsable de la covid (son nom technique est Sars-CoV2) est un virus à ARN… Il mute donc comme les autres.
On a établi que ce virus mutait entre une à deux fois par mois et c’est plutôt faible. Mais ces mutations répétées amènent à une modification de structure du virus et donc à la sélection d’un nouveau variant de ce virus. Ce dernier étant modifié, nouveau, il devient moins sensible à nos défenses immunitaires… et à la vaccination.
Puisqu’on connaît sa structure, les scientifiques savaient qu’il muterait et cela se confirme avec le variant anglais puis sud-africain.
Ces deux variants, qui font beaucoup parler d’eux en ce moment, ont en commun :
– un très grand nombre de mutations ;
– des mutations qui affectent la protéine S de surface permettant au virus de s’accrocher aux cellules humaines. Notamment, le virus devient comme attiré, aimanté par nos cellules. Ce qui explique une nette augmentation de la contagion et du nombre de personnes atteintes avec ces variants.
En revanche, pour le moment, il n’a pas été montré, pour ces deux variants, une augmentation de mortalité ni de cas sévères.
Puisque les vaccins à ARN s’attaquent justement à la protéine de surface (modifiée lors de ces mutations), on craint de voir émerger des résistances de ces variants aux vaccins actuels.
Néanmoins, une étude récente à très petite échelle, en Angleterre, a montré un peu d’espoir de ce côté. Des chercheurs ont mis en contact le sérum de vingt personnes vaccinées avec, d’une part, la mutation anglaise et d’autre part, la souche classique ; dans les deux cas il n’y a pas eu de différence de réaction des anticorps...
Tout cela reste en constante évolution et à prendre avec prudence. Une chose est certaine : il n’y aura pas de grande surprise à voir émerger de nouvelles mutations vous l’aurez compris…
Voilà où nous en sommes à l’heure actuelle !
Dr Emmanuel Fernex
Actuailes n°126 - 27 janvier 2021
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