– Maman, vous allez me trouver très étourdie…
– Étourdie ? Pourquoi donc, ma chérie ?
– J’ai demandé au Bon Dieu de me donner toutes les souffrances des enfants de l’hôpital…
Une terrible épreuve
La fillette qui rapporte cette « étourderie » à sa mère n’a pas encore huit ans, elle s’appelle Anne-Gabrielle, elle est atteinte d’un cancer, elle va bientôt mourir. Cette épreuve terrible – le corps qui se désagrège peu à peu de l’intérieur –, Anne-Gabrielle ne la vit pas seule. Elle est entourée de sa maman, de son papa, et de ses trois frère et sœurs. Des prêtres aussi la visitent régulièrement. Quand on découvre sa vie, une vie simple qui se partage entre la famille, l’école, la paroisse, les louvettes, on est fasciné par la haute sagesse que Dieu a déposée dans l’âme de cette enfant.
L’hôpital comme école
Tout a commencé vers Noël 2008 par une banale chute de vélo. Puis la découverte de la maladie et la plongée de toute la famille dans l’univers blanc de l’hôpital (Anne-Gabrielle déteste l’hôpital…), avec ses beautés et ses duretés. Elle affronte avec un courage grandissant les séances de chimiothérapie et les soins très lourds qu’on impose à son corps souffrant.
Anne-Gabrielle n’est pas inerte dans la maladie. Certes, son corps se désintègre jour après jour inexorablement, mais son âme jour après jour grandit en force et en sagesse.
Une sagesse venue d’En-Haut
Au fur et à mesure que se déploient en elle les douloureux symptômes, Anne-Gabrielle manifeste par ses attitudes et ses paroles une profonde sagesse qui dépasse son âge, une sagesse qui dépasse même la sagesse des vieillards. Une sagesse venue d’En-Haut. A-t-elle des voix, comme Jeanne à Domrémy ? Non, mais elle a la foi. Une foi instruite et enracinée dans la prière, une prière d’abord apprise et vécue dans sa famille et sa paroisse, puis vécue de façon de plus en plus personnelle.
C’est ce dont témoigne son « étourderie », qui ferme la bouche aux sages et aux puissants et qui illumine les simples selon l’Esprit. C’est aussi une foi qui cherche, comme dirait saint Augustin, qui éprouve des inquiétudes, des angoisses, en pensant au péché, aux pécheurs, au sacrifice de Jésus sur la croix, à Dieu qui n’est pas aimé… Une foi qui se réjouit à la pensée du mystère de la sainte Trinité.
La science de la croix
Nous savons que nous n’avons pas de réponse satisfaisante à la souffrance humaine, spécialement la souffrance d’un enfant. Mais nous avons la réponse d’Anne-Gabrielle, qui nous enseigne la manière d’accueillir et d’affronter nos propres épreuves (maladie, mais aussi discorde, dissensions dans les familles, etc.). Elle nous apprend par sa courte vie et sans long discours la science de la croix. Elle a entendu, dans son cœur d’enfant, l’appel de Jésus : « Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. » Avec son tendre sourire, elle l’a suivi. Jusqu’au bout.
Pour en savoir plus :
•L’histoire d’Anne-Gabrielle écrite pas sa maman :
Marie-Dauphine Caron, Là où meurt l’espoir brille l’Espérance, éditions
du Sacré-Cœur, 2016.
•Le site internet :
anne-gabrielle.com
Père Augustin-Marie
Actuailes n°128 - mercredi 10 mars 2021
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