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La vision de la mort en Afrique

La vision de la mort en Afrique

23-03-2021 à 16:37:00

« Partir, c’est mourir un peu,
mourir, c’est partir beaucoup ! » (Alphonse Allais)

Le Premier ministre de la Côte d’Ivoire, Hamed Bakayako, est décédé d’un cancer foudroyant, il y a une dizaine de jours. Sa mort a été aussi soudaine que son ascension au pouvoir l’avait été. Cet homme de cinquante-six ans était surnommé « le Baobab » ce qui est largement évocateur de sa carrure imposante et de son pouvoir. Il est parti de façon subite et inattendue et sa mort a causé une grande tristesse au peuple ivoirien. Mais quelle est la vision de la mort en Afrique ?

La mort du Premier ministre intervient quelques mois seulement après la mort de son prédécesseur, Amadou Gon Coulibaly, décédé également subitement l’été dernier.

Les rumeurs vont donc bon train et une bonne partie des Ivoiriens évoquent la malédiction (voir zoom lexical) de ce poste « maudit » de Premier ministre ou même l’empoisonnement. Pour de nombreux Africains, la mort naturelle n’existe pas !

Au-delà de ces rumeurs, certaines croyances autour de la mort sont encore bien enracinées dans les mentalités africaines. Les funérailles sont un moment essentiel et incontournable. En effet, si cette étape ne se déroule pas correctement, il est de coutume de penser que l’esprit du défunt peut venir interférer dans la vie des vivants, le plus souvent de façon négative. De nombreux Africains croient au pouvoir néfaste des morts…

Le deuil et les funérailles sont ainsi l’occasion de grands rassemblements. Il est également de coutume d’être présent aux funérailles d’un membre de la famille, d’un voisin ou d’un collègue (même un peu éloigné), car celui qui ne se rend pas aux funérailles peut être suspecté d’avoir quelque chose à se reprocher ou même d’être responsable du décès.

Au-delà de ces croyances traditionnelles et ancestrales, l’Afrique chrétienne ou musulmane développe aujourd’hui, avec l’accès à l’éducation et aux médias, une vision de la mort plus moderne, plus rationnelle et plus en adéquation avec la vision occidentale : « Son heure était venue », « Il a été emporté par la maladie » ou, plus religieusement, comme l’a déclaré le frère du défunt Premier ministre : « C’est le temps que Dieu lui a donné sur terre qui est arrivé. C’est pourquoi il a quitté le monde des vivants. »

La vision de la mort en Afrique revêt un caractère culturel particulier qu’il est utile de connaître afin de mieux appréhender la culture africaine.

Zoom lexical

Il faut comprendre le mot malédiction, non pas au sens d’une fatalité ou d’un malheur qui s’abattrait au hasard sur quelqu’un, mais plutôt au sens littéral du terme qui indique qu’il aurait été fait un vœu pour que la colère de Dieu ou des dieux s’abatte sur cette personne (du latin maledicere, de male : mal et dicere : dire).

Euphémie de B

Actuailes n°129 - 24 mars 2021


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