Avez-vous entendu parler du 26 avril 1956 et de Malcom McLean ? Non ? Ils sont effectivement inconnus, pourtant ils ont marqué l’histoire de la marine marchande et du commerce mondial. Explications.
Une idée de génie
Le 26 avril 1956, Malcom McLean charge sa marchandise sur un navire dans cinquante-huit caisses faciles à décharger. Le conteneur est né, fruit de l’imagination d’un Américain de quarante ans qui souhaitait contourner par la mer les embouteillages de la route.
À l’époque, le transport par mer coûte cher. En effet, les marchandises sont entassées en vrac dans les soutes et déchargées à la main dans les ports. L’idée de génie est de s’inspirer des boîtes utilisées depuis le XIXe siècle pour les trains, pour les charger et décharger avec une grue sur des bateaux, ce qui est bien plus rapide et nécessite moins de bras. Le prix est ainsi divisé par quarante !
Essor dans les années 1960
C’est l’armée américaine qui va propulser le conteneur. Elle devait, en effet, acheminer beaucoup de marchandises en Allemagne où stationnaient, face aux Russes, des milliers de soldats américains. Elle fait donc le pari gagnant du conteneur. Mais mieux encore : Malcom McLean va résoudre les problèmes de logistique de la guerre du Vietnam en affectant six bateaux porte-conteneurs à l’armée. Et afin que ses bateaux ne rentrent pas à vide, il leur fait charger du fret civil. L’Asie est alors conquise et va progressivement devenir l’usine du monde que nous connaissons aujourd’hui.
Symbole de la mondialisation
La mondialisation est née dans les années 1970. C’est un phénomène d’échanges multipliés de marchandises et d’hommes entre les continents. L’avion permet la circulation des hommes et le conteneur celui des marchandises dont 90 % transitent par la mer. Désormais, les usines ne sont plus installées là où habitent les consommateurs, par exemple en Europe ou aux États-Unis, mais là où les ouvriers ont les salaires les plus bas, comme en Chine, en Inde ou au Vietnam.
Cela explique les fermetures d’usines en France et la provenance étrangère de nos habits, de nos ordinateurs et même de nos fruits. Cela nécessite une grosse logistique que permettent d’immenses navires capables d’emporter des milliers de conteneurs, qui sont ensuite déchargés dans des ports ultramodernes équipés de nombreuses grues. On estime à 600 millions le nombre de conteneurs transportés chaque année. Chacun coûte seulement 1 400 euros.
Mais ce phénomène de mondialisation a ses limites et points faibles. Le commerce pour l’Europe peut ainsi être bloqué si le canal de Suez est obstrué. De plus, notre dépendance vis-à-vis de pays comme la Chine devient majeur, même pour des produits stratégiques comme les médicaments. La crise de la covid-19 a prouvé que la recherche de produits pas chers venus de loin n’avait pas que des avantages et qu’il était finalement judicieux d’avoir des usines en France…
Sur le plan écologique, ces bateaux sont de très gros pollueurs. Enfin, est-il si nécessaire de consommer autant de produits venus de loin, parfois peu solides, fabriqués parfois par des ouvriers qui sont exploités, dont des enfants, alors que nous disposons en France d’une main-d’œuvre de qualité qui ne demande qu’à être employée ?
Julien Magne
Actuailes n°130 - 14 avril 2021
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