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Travailler dans  la marine marchande

Travailler dans la marine marchande

13-04-2021 à 20:50:00

Ifig est officier mécanicien dans la marine marchande depuis juillet 2020. Il partage avec nous sa passion !

Pouvez-vous nous présenter votre métier ?

Par où commencer ? Le terme « marine marchande » est très vaste. On connaît surtout les porte-conteneurs, les pétroliers ou encore les navires de croisière, mais il faut savoir qu’il y a des dizaines de types de bateaux différents en fonction de la marchandise qu’ils transportent. Les vraquiers pour les céréales, les navires de recherche et d’exploration pour les scientifiques, les rouliers pour le transport de véhicules, les gaziers, les câbliers qui permettent de relier numériquement les continents entre eux…

Ces navires peuvent aller d’une vingtaine de mètres à plus de quatre cents mètres, naviguer dans une zone limitée ou encore traverser les mers d’est en ouest et du nord au sud. En bref, vous l’aurez compris, c’est un domaine gigantesque.

Plus de 80 % des marchandises dans le monde sont transportées par voie maritime, il y a donc une grande chance qu’une partie de vos meubles, de vos vêtements ou même de votre nourriture ait passé plusieurs jours ou plusieurs semaines à bord d’un de ces navires. Et ainsi lorsque l’un d’entre eux bloque une des routes maritimes les plus fréquentées au monde, comme ça a été le cas il y a quelques jours dans le canal de Suez, c’est toute l’économie mondiale qui est touchée.

Le rythme ainsi que la composition de l’équipage varient en fonction du navire sur lequel on se trouve. Travaillant sur un pétrolier français, je vais donc me limiter à ce domaine-là pour vous expliquer le fonctionnement d’un tel bateau – qui reste relativement similaire à la majorité des navires.

Commençons par l’équipage. Celui-ci est divisé en deux groupes : une équipe-pont qui s’occupera de la navigation, de la sécurité à bord, des manœuvres et de l’entretien de l’équipement qui se trouve sur le pont. À sa tête, on y trouve le commandant du navire qui est épaulé par un second et par deux ou trois lieutenants, ainsi qu’un certain nombre de matelots qui peut être très variable en fonction du navire.

La deuxième équipe s’occupera, quant à elle, de la maintenance de tous les systèmes embarqués à bord ; ça va de la propulsion du navire à la climatisation dans les cabines en passant par les chaudières, la production d’eau douce, le système de traitement des eaux usées ou encore la production d’électricité. Elle est composée d’un chef mécanicien assisté d’un second, d’un ou deux officiers et de quelques matelots dont le nombre est également variable. Ces deux équipes sont très distinctes, mais chacun a besoin de l’autre pour fonctionner.

Quant au rythme de travail, il est assez peu commun. Globalement, les temps d’embarquement sont compris entre six semaines et trois mois mais, en particulier en ce moment avec la crise de la covid-19, le temps à bord peut être beaucoup plus long : cinq, six mois, voire dans certains cas extrêmes neuf mois.

Toutefois, en raison de la pénibilité du travail, nous avons la chance d’avoir de longs congés. En moyenne pour un mois passé en mer, on a le droit à vingt-cinq jours de congé. Donc, en prenant l’exemple d’un embarquement de trois mois, on aura, en débarquant, environ deux mois et demi de vacances avant de repartir.

Quels sont les dons particuliers ou les qualités importantes pour l’exercer ?

Selon moi, pour exercer ce métier, il faut avant tout être passionné et travailleur. En effet, le métier de marin est très pénible physiquement ; les journées sont longues : cela peut aller de dix heures à parfois plus de quinze heures de travail quand la situation l’exige. Mais surtout le travail est réalisé dans un environnement dangereux et nocif pour la santé. Il est également difficile psychologiquement : au milieu du Pacifique, il est compliqué de recevoir de l’aide extérieure, il faut donc pouvoir se débrouiller seuls avec les moyens du bord. Il y a également le risque d’attaque pirate, de pollution, etc.

Qu’aimez-vous le plus dans votre métier ?

Je pense qu’un grand nombre de marins seraient d’accord avec moi pour dire que ce qu’on aime dans ce métier, c’est de découvrir de nouveaux pays, de nouvelles cultures et surtout de se retrouver seul au milieu des océans à admirer la vue depuis la passerelle !

Quelle formation suivre pour faire votre métier ?

Il existe une multitude de formations pour devenir marin. La plus connue et surtout celle qui permet de naviguer sur tous les types de navires et à tous les postes, c’est une école qui se trouve à Marseille (avec les deux dernières années qui se passent au Havre).

Cette formation vous donne accès au brevet d’officier mécanicien, d’officier pont et également un titre d’ingénieur. Elle dure cinq ans et demi, entrecoupés de stages à bord. Depuis cette année, les admissions se font sur dossier après le bac. Il vous faudra un bon niveau dans les matières scientifiques ainsi qu’en anglais qui sera votre langue de travail. Une école se trouvant à Saint-Malo délivre, quant à elle, le brevet d’officier mécanicien uniquement.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune motivé pour suivre votre voie ?

De surtout garder cette motivation ! Avec mon dossier scolaire plus que limite, j’ai dû faire une année de classe préparatoire ainsi qu’une année d’IUT avant de réussir à intégrer une école de marine marchande. Alors, avec de la motivation, une pointe d’acharnement et quelques neuvaines à saint Joseph, tout est possible !

Actuailes n°130 - 14 avril 2021


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