Il y a quarante ans, un nouveau président s’installait pour quatorze ans à la tête de la France, succédant à Valérie Giscard d’Estaing.
François Mitterand est né en 1916 dans une famille nombreuse, plutôt conservatrice. Il est diplômé d’études supérieures de droit et de Science-po. Cultivé, ambitieux et vif d’esprit, il se distingue très vite dans un militantisme politique actif, dans un premier temps au sein d’un parti d’extrême droite.
Encore étudiant lorsque la guerre éclate en 1939, il est mobilisé et fait prisonnier par les Allemands. Après s’être évadé, il travaillera en France libre du côté du gouvernement vichiste, puis dans la résistance. Il joue un rôle actif lors de la libération de Paris, ce qui lui permet d’être remarqué.
Dès 1946, il fait son entrée en politique alternant les postes de ministre et orientant ses idées de plus en plus ancrées dans le socialisme.
Élu président le 10 mai 1981, il incarne tous les espoirs de la gauche. Il sera réélu en 1988 (les présidents étaient alors élus pour sept ans).
La politique menée
Lors de son élection, il avait présenté cent dix points de réformes qu’il s’appliqua à mettre en œuvre en faisant des réformes économiques et sociales : création d’un impôt sur la fortune, retraite à soixante ans, cinquième semaine de congés payés, nationalisations d’une quarantaine de banques et d’entreprises (c’est-à-dire qu’elles deviennent la propriété de l’État) ; et juridiques avec l’abolition de la peine de mort.
De grands travaux sont entrepris sous ses mandats : la pyramide du Louvre, la bibliothèque nationale de France, le musée d’Orsay, le parc de La Villette, la grande arche de la Défense, l’Institut du monde arabe, l’opéra Bastille voient le jour.
Grand défenseur de l’école laïque, il tente de supprimer l’enseignement privé, mais fait marche arrière en raison de gigantesques manifestations en 1984.
Il sera enfin un chef de guerre à plusieurs reprises : au Liban dès 1982, en Irak en 1991, dans les Balkans en 1992 et plusieurs fois en Afrique : au Tchad en 1983, en Somalie en 1992 ou encore au Rwanda en 1994.
Critiques et conséquences
à long terme
Ses deux mandats ont mis en place en France une économie dépendante de l’État (augmentation des fonctionnaires, des aides familiales, aux chômeurs et revalorisation du SMIC). Le chômage passe alors de 5,9 % à 10,7 %. Il va également accueillir beaucoup de nouveaux immigrés alors que le nombre d’emplois disponibles baisse.
La corruption des hommes politiques explose et change le regard que les Français posent sur eux. L’affaire Urba est la plus connue : cette entreprise percevait des commissions illégales qu’elle reversait ensuite au Parti socialiste. De plus, le traité de Maastricht, en 1992, réduit l’indépendance économique, politique et juridique de la France.
François Mitterrand a fortement marqué tant par ses réformes que par l’héritage culturel mis en place, mais il laisse aux générations suivantes une France très endettée, en déclin économique avec un très fort chômage, un pays plus fracturé, où l’assistanat s’est développé. Enfin, il a contribué à abîmer l’image des hommes politiques et diminué la puissance de la France à travers l’intégration européenne.
Peu de personnes se réclament d’ailleurs de lui aujourd’hui et son ancien parti, le Parti socialiste, est marginalisé.
André Lefort
Actuailes n°131 - 12 mai 2021
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