Le 25 avril dernier, comme tous les 25 avril, avait lieu la journée internationale du paludisme. C’est durant la même semaine qu’ont été publiés les résultats d’une étude menée depuis 2019
sur un vaccin contre cette maladie : celui-ci semble très efficace et c’est une excellente nouvelle !
C’est une excellente nouvelle car le paludisme est une des maladies infectieuses qui causent le plus de victimes dans le monde : le pic a été atteint en 2004 avec 1,8 millions de morts du paludisme ; en 2019, il y a eu environ 400 000 décès pour 229 millions de malades. Et deux tiers d’entre eux sont des enfants de moins de cinq ans. Même si on a déjà fait beaucoup de progrès sur la prévention et les traitements, un vaccin efficace permettrait de gagner définitivement la lutte !
Le paludisme est une maladie provoquée par un petit parasite, le plasmodium, transmis à l’homme par un moustique, l’anophèle. Elle a été découverte en 1880 par un médecin militaire français, en Algérie, Alphonse Laveran, qui a été prix Nobel de médecine en 1907. Il y a quatre sortes de plasmodium, dont le plasmodium falciparum donne les infections les plus graves. Lorsqu’il rentre dans le corps par la piqûre, il vient se loger dans le foie, puis repasse dans le sang par les cellules qu’on appelle les globules rouges. Il peut faire éclater ces globules rouges et toucher, pour les formes graves, le cerveau, c’est ce qu’on appelle un neuropaludisme. Cette maladie est actuellement essentiellement présente en Afrique subsaharienne, en Inde, de façon moins importante en Amérique centrale et du Sud et en Asie du Sud-Est. La France métropolitaine s’est débarrassée du paludisme récemment, en 1960 seulement !
Cela fait des années qu’on lutte
– et de plus en plus efficacement – contre le paludisme, de plusieurs façons : en asséchant les zones d’eau stagnantes où les moustiques se reproduisent, en utilisant des moustiquaires et des produits pour repousser les insectes la nuit (les anophèles piquent la nuit), en détruisant leurs œufs avec des campagnes de désinsectisation en Afrique. Mais aussi de façon plus précise grâce à des traitements : le premier a été la quinine (à lire dans Tintin au Congo !) ; désormais il y a plusieurs médicaments plus efficaces et mieux supportés ! Le problème est qu’ils n’empêchent pas toujours le paludisme de rester caché dans le foie et de pouvoir ressortir de temps en temps. Lorsqu’on part en voyage pendant une courte durée dans un pays où la maladie est présente, on peut prendre un traitement préventif (pour éviter de l’attraper).
Depuis 2019, l’université d’Oxford en Angleterre travaille sur un vaccin contre le paludisme qui vient d’être testé sur quatre cent cinquante enfants au Burkina Faso, en pleine période de contamination : il semble qu’il diminue de 77 % les risques d’attraper le paludisme, ce qui serait un très bon résultat – le seul vaccin existant aujourd’hui est efficace seulement à 39 %. Le laboratoire et l’université entrent donc dans la phase 3 de l’étude : on teste le vaccin sur plusieurs milliers de personnes dans quatre pays d’Afrique différents, en attendant de voir si les résultats se confirment ! Vraiment, ce serait un bel anniversaire !
Dr Anne-Sophie Biclet
Actuailes n°131 - 12 mai 2021
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