Le 5 mai 1821, selon les mots de Châteaubriand, « à six heures moins onze minutes du soir, au milieu des vents, de la pluie et du fracas des flots, Bonaparte rendit à Dieu le plus puissant souffle de vie qui jamais anima l’argile humaine ». Il y a deux cents ans, donc, Napoléon mourait, à l’âge de cinquante et un ans, sur l’île de Sainte-Hélène, où il était exilé depuis six ans. Deux siècles après sa mort, que reste-t-il donc de Napoléon, petit Corse, général de la Révolution, devenu empereur, conquérant de l’Europe ?
Un nom
Dès son accession au trône impérial, en mai 1804, Napoléon s’inquiète pour sa descendance : maintenant qu’il est souverain, il lui faut un héritier. Puisque son mariage avec Joséphine est stérile, il la répudie donc et se remarie, en 1810, avec Marie-Louise, fille de l’empereur d’Autriche. De cette union naît, un an plus tard, le roi de Rome.
Après la première abdication de son père, en 1814, le jeune prince est emmené, avec sa mère, en Autriche, où il devient le duc de Reichstadt. Mais celui qu’on appelle l’Aiglon meurt à l’âge de vingt et un ans. La lignée de Napoléon s’éteint alors.
Plusieurs décennies plus tard, son neveu, le fils de son frère Louis, restaure l’Empire, mais pour une courte durée : Napoléon III abdique en 1870 et le prince impérial, son héritier, meurt au combat neuf ans plus tard.
À cette date, ce sont désormais les héritiers du plus jeune frère de Napoléon, Jérôme, qui deviennent les représentants de la maison Bonaparte. L’actuel détenteur du titre impérial est ainsi le prince Jean-Christophe Napoléon Bonaparte : il aurait été Napoléon VII.
Un tombeau
Après sa mort, Napoléon est enterré sur l’île de Sainte-Hélène. Cependant, dans son testament, l’empereur exilé avait demandé que son corps repose en France, sur les bords de la Seine. Il faut cependant attendre décembre 1840 pour que le roi Louis-Philippe fasse revenir à Paris les restes de Napoléon. Ceux-ci sont déposés aux Invalides, dans cette église dont, empereur, il avait voulu faire un véritable temple de la guerre. Napoléon repose ainsi auprès des grands guerriers qu’il avait voulu rassembler en un seul lieu : Vauban, Turenne, Latour-Maubourg. Il est plus tard rejoint par ses frères, Jérôme et Joseph, puis par les maréchaux Foch et Lyautey, et enfin par son fils, l’Aiglon.
C’est sous ce dôme des Invalides que tous les ans, le 5 mai, un hommage est rendu à Napoléon et à tous les morts de son armée et que, ce 5 mai 2021, le président de la République a déposé, au nom de tous les Français, une gerbe tricolore.
Un drapeau
Le drapeau des rois de France était blanc, la Révolution y a ajouté le bleu et le rouge. Mais c’est sous le règne de Napoléon que le drapeau français devient tricolore, tel que nous le connaissons encore aujourd’hui. En effet, en 1811, l’empereur décide que, pour marquer le souvenir de ses victoires, ces dernières devraient être brodées sur les drapeaux et étendards des régiments. Pour que ces inscriptions soient lisibles, il est décidé que les couleurs de l’emblème français seraient désormais organisées en bandes verticales. En 1812, le drapeau français est donc né. Il traverse encore de nombreuses épreuves au gré des différents régimes politiques du XIXe siècle, mais finit cependant par s’imposer définitivement.
Une décoration
Héritier à la fois de l’Ancien Régime et des idées égalitaires de la Révolution, Napoléon veut créer une nouvelle France, basée sur deux valeurs : l’honneur et le mérite. Ces deux valeurs s’incarnent dès 1802 dans une décoration : la Légion d’honneur. Celle-ci se veut accessible à tous, civils comme militaires, nobles, bourgeois et soldats. Si toutes les autres décorations créées par Napoléon ne survivent pas à son exil, la Légion d’honneur reste le premier ordre français, destiné, encore aujourd’hui, à récompenser tous les citoyens – et, depuis 1851, les citoyennes – qui contribuent à la grandeur de la France, de sa culture, de son économie, de sa politique, de ses armes.
De grands monuments
Si le Second Empire et l’action du baron Haussmann sont davantage connus en ce qui concerne l’aménagement de Paris, le Premier Empire n’est pas en reste. En effet, à la suite des grandes victoires de l’armée napoléonienne, la capitale change : la colonne Vendôme, l’arc du Carrousel, l’arc de Triomphe célèbrent la campagne d’Austerlitz ; les rues de Rivoli, d’Aboukir, de Wagram, le pont d’Iéna ancrent dans les pierres le souvenir des succès de la Grande Armée.
Un nom, une culture guerrière, un drapeau et une décoration nationale, des pierres qui marquent la capitale, tels sont les héritages de Napoléon, les raisons qui font que deux siècles après sa mort, il est encore présent et étudié (un nouveau livre sur Napoléon serait publié chaque jour !).
L’année 2021 est donc marquée par les commémorations : spectacle (https://lanuitauxinvalides.fr), expositions aux Invalides, à La Villette, à Sainte-Hélène, conférences, colloques… autant d’événements qui prouvent l’emprise de Napoléon sur la France, son histoire et sa culture.
Quitterie Murail
Actuailes n°131 - 12 mai 2021
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