L’anosmie est le terme scientifique qui définit la perte de l’odorat. On sait, depuis un an déjà, que c’est le signe caractéristique de la covid-19, les autres symptômes étant partagés par d’autres maladies. Il n’est pas présent à chaque fois, mais lorsqu’il l’est, pas besoin de test !
L’anosmie est un symptôme vraiment nouveau dans les affections virales qui touchent les voies respiratoires : on connaît le nez bouché qui nous fait avoir cette sensation de ne pas bien respirer, mais la perte de la reconnaissance des choses par l’odorat est un phénomène plutôt récent.
Depuis un an, cette nouveauté questionne les chercheurs du monde entier. Un groupe de chercheurs français vient de publier, le 3 mai dernier, dans le Science Translational Medicine, une étude permettant de mieux en comprendre les mécanismes.
Le nez nous permet de respirer et c’est aussi la première porte d’entrée des virus. Mais il est également le centre de traitement des odeurs. Ces dernières sont captées par des cils olfactifs au fond des fosses nasales. Ces cils transforment les molécules odorantes qu’ils reçoivent en message que transmettent les neurones sensoriels jusqu’au cerveau. Celui-ci analyse l’information et nous permet d’avoir la conscience de ce que nous mangeons, des odeurs qui nous entourent qu’elles soient agréables ou non…
Ces chercheurs ont travaillé sur de nombreux cas humains atteints de cette anosmie et ont complété leurs recherches sur le modèle animal. Ils ont ainsi trouvé que, lors de l’atteinte par la covid :
– les cils responsables de la captation des molécules odorantes disparaissaient ;
– le tissu de soutien des neurones était désorganisé par la mort de beaucoup de cellules à cause de l’inflammation ;
– le premier relais cérébral de l’olfaction (système de perception des odeurs) était envahi par le virus ;
– une inflammation de certaines régions du cerveau advenait avec présence de virus.
Tout ceci explique que :
– la perte de l’odorat puisse durer longtemps, si l’inflammation est importante et que le virus persiste ;
– le virus puisse être retrouvé longtemps dans les fosses nasales profondes, lorsque l’anosmie perdure ;
– il peut y avoir de nombreux symptômes liés à l’odorat, la perte de celui-ci ou bien des mauvaises perceptions d’odeurs, etc.
Enfin des questions sont évoquées sur la découverte d’une inflammation qui touche certaines régions cérébrales, pouvant causer des troubles anxieux ou dépressifs ou encore neurologiques dont se plaignent certains patients en post-covid… Voilà qui va certainement pousser à faire de nouvelles études… et peut être – qui sait ? – un autre article plus complet !
Dr Emmanuelle Fernex
Actuailes n°132 - 26 mai 2021
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