Mon cher Laurent,
Le festival de Cannes s’affirme aujourd’hui comme
la manifestation la plus prestigieuse du cinéma mondial, appréciée autant pour la qualité des œuvres en compétition que par son étalage de clinquant et de luxe. Nous reparlerons plus tard des « travers » parfois graves de cet événement qui est, nous allons le voir, un réel événement politique.
Irrité par la mainmise hitlérienne et mussolinienne sur la Mostra de Venise (festival en Italie), née en 1932,
le gouvernement français décide de créer un festival du cinéma concurrent.
Le lieu choisi est Cannes, sur la Côte d’Azur. Ce village de pêcheurs a été mis à la mode sous le règne de Louis-Philippe par l’aristocratie anglaise, rapidement suivie
par l’aristocratie russe. Il est devenu à la Belle Époque une station balnéaire cossue avec une enfilade de grands hôtels de luxe sur le boulevard de la Croisette, à l’est du vieux port.
L’idée du festival revient au ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts Jean Zay. Tout est prêt pour l’heureux événement : affiches, sélection de films avec, en vedette,
Le Magicien d’Oz de Victor Fleming. La présidence du festival est attribuée à Louis Lumière, ingénieur grâce à qui nous avons ce fameux cinéma...
Hélas, l’ouverture, prévue le 1er septembre 1939, est reportée en catastrophe du fait de l’invasion de la Pologne le même jour.
C’est donc seulement après la Seconde Guerre mondiale, sept ans plus tard,
le 20 septembre 1946, que Cannes reçoit stars américaines, réalisateurs et journalistes pour la plus grande joie des badauds. Le tapis rouge est enfin déroulé.
Les Français y voient une revanche sur la défaite et les mauvais jours, alors que le pays vit encore la période difficile de la reconstruction et du rationnement.
Le premier festival se tient au casino Rühl, entre le vieux port et la Croisette.
Le Grand Prix est remis à un film qui exalte la Résistance française : La Bataille du rail
(en 1955, le Grand Prix sera remplacé par la Palme d’Or).
L’année suivante, le casino est démoli et remplacé par un somptueux palais des Festivals.
Il sera inauguré le 11 septembre 1947, à la veille du deuxième festival.
Le tapis rouge accueille les invités et les vedettes à l’entrée de ce palais
et les photographes immortalisent la montée des « vingt-quatre marches de la gloire » avant la cérémonie d’ouverture, selon un rituel devenu incontournable.
En 1968, fait exceptionnel, le festival sera interrompu le dimanche 19 mai,
cinq jours avant son terme, par solidarité avec les mouvements étudiants.
Aucune récompense ne sera remise cette année-là.
En ce début du XXIe siècle, Cannes voit sa population tripler, de 70 000
à plus de 200 000 habitants pendant les douze jours de la manifestation,
laquelle se tient désormais au mois de mai.
Ce n’est pas si loin de Draguignan ! Si on y allait ensemble ?
Je t’embrasse !
Tante Cécile
Actuailes n° 134 - 15 septembre 2021
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