©Musée départemental Maurice-Denis
Sur un fond de papier peint décoré d’oiseaux et d’arabesques, une femme prend le thé. Un chat tigré vient se frotter contre ses jambes.
Les formes sont ondulantes, sur le mur et la robe exagérément longue, ou le pied, déformé comme pour accompagner le mouvement. Les cheveux, tout en boucles, s’échappent d’un chignon qui pourrait être bien sage.
Le peintre représente madame Ranson, la femme d’un de ses amis artistes, en position de trois-quarts, la tête de profil, avançant la main d’un geste élégant, comme pour offrir une tasse de thé à son voisin invisible. On devine, plus qu’on ne voit, la chaise sur laquelle elle est assise. À peine assise, tant elle semble en équilibre.
De la table, légère, n’apparaissent qu’une partie d’un pied et du plateau. La théière, du même service que la tasse, au motif vert sur fond blanc, est certainement en porcelaine.
Le Japon était à la mode à la fin du XIXe siècle et cette influence se retrouve dans certains aspects du tableau : le format tout en hauteur évoque un kakemono, cette peinture haute et étroite pouvant s’enrouler autour d’un bâton.
L’absence de modelé et les lignes noires rappellent les estampes japonaises1. Vous remarquerez, en effet, qu’une fine ligne noire contourne tout le dessin, marquant la séparation entre le fond et le personnage. Cette ligne permet de souligner les deux plans de la composition, la profondeur étant peu marquée.
1. Vous pouvez en retrouver un exemple dans le numéro 70 d’Actuailes, avec La Grande Vague de Kanagawa, œuvre de Hokusaï.
Sophie Roubertie
Actuailes n°135 - 29 septembre 2021
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