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Faire fleurir le désert : la grande muraille verte

Faire fleurir le désert : la grande muraille verte

28-09-2021 à 19:54:00

Qu’en est-il du projet pharaonique de la grande muraille verte d’Afrique, lancé en 2007 par l’Union africaine1 ?

Les zones désertiques progressent au détriment des zones vertes. La nourriture et l’eau se font de plus en plus rares pour les 30 millions d’habitants. La désertification mène à la pauvreté, ce qui conduit les populations locales à migrer et génère souvent des conflits dans des zones déjà instables. Les dix premières années du projet, seulement 4 % du parcours a été végétalisé. Le projet a connu de nombreux revers.

L’annonce en janvier dernier de 12 milliards d’euros de financements internationaux a remis la grande muraille verte en avant. Le projet est redevenu une priorité pour la communauté internationale, mais il a évolué. Il est devenu plus social. L’objectif premier de restaurer ces terres subsiste, mais il est également question maintenant de créer des millions d’emplois et de susciter une croissance verte en impliquant les populations locales.

Le Sénégalais Haïdar El Ali, directeur de l’agence nationale de la reforestation et de la grande muraille verte (ancien ministre de l’Environnement au Sénégal), s’engage pour tenter de dépoussiérer ce vieux projet. Il souhaite accélérer les travaux et impliquer davantage la population en menant sur le terrain un travail de sensibilisation directe. À bord d’un vieux camion ou parfois d’une charrette tirée par un âne, il distribue des milliers de plants (en privilégiant les arbres fruitiers : manguiers, orangers, citronniers, dattiers).

El Ali élabore de nouvelles techniques pour revitaliser le cycle naturel de dissémination des graines. En effet, les animaux sauvages ayant également déserté ces zones arides ou ayant été trop chassés (les singes notamment), il doit compter sur la collaboration des éleveurs. Il leur distribue, par exemple, des milliers de gousses d’acacias (appelés aussi « arbres du désert »). Ces habitants les donnent à manger au bétail présent dans ces zones qui disséminera les graines par voie naturelle au fil de leurs transhumances.

Il lance des formations au profit des populations locales pour prendre soin des plantes traditionnelles, créer ses propres pépinières, etc.

Le temps est compté ! Pour atteindre les objectifs fixés pour 2030, il faut multiplier par quatre le rythme actuel de reboisement. D’autant que la sécurité, dégradée par endroits (au Niger, par exemple), freine considérablement voire suspend les opérations nécessaires à la réussite de ce grand projet vert. 

1. L’Union africaine (UA) est une organisation continentale regroupant 55 États du continent africain.

2. La Banque mondiale, institution financière internationale, accorde des prêts à des pays en voie de développement.

Euphémie de Beauregard

Actuailes n°135 - 29 septembre 2021


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