Une enquête menée par des journalistes révèle que de nombreuses personnes célèbres ont échappé aux impôts en plaçant leur argent dans des paradis fiscaux.
L’enquête
Cette enquête a été réalisée par plus de six cents journalistes du monde entier, à partir de 12 millions de documents confidentiels. Elle a été dénommée Pandora Papers, en référence à la légende de la boîte de Pandore. Elle a pour but de montrer comment des milliers de personnalités assez riches ont pu échapper dans leur propre pays au paiement de l’impôt, en dissimulant leur fortune dans des paradis fiscaux. Il s’agit de pays peu connus comme les îles Caïmans, le Panama ou les Seychelles. Il est facile d’y créer des sociétés pour lesquelles vous paierez très peu d’impôts et qui ne donneront pas votre nom. Ces sociétés sont ensuite utilisées pour acheter des bateaux de luxe ou des immeubles.
Les révélations
Afin d’attirer l’attention du public, les journalistes ont commencé par livrer des noms connus, comme le roi de Jordanie, qui aurait acquis quinze résidences de luxe au Royaume-Uni et aux États-Unis. Sont également cités sept présidents, des sportifs ou encore des chanteurs. Il y a également des criminels de la mafia, qui pratiquent le blanchiment d’argent, c’est-à-dire la transformation de l’argent « sale » (fruit d’un trafic) en argent « propre » via une société d’un paradis fiscal. D’autres révélations devraient suivre dans les semaines à venir.
Conclusions
Il faut tout d’abord noter que toutes ces opérations financières ne sont pas illégales. Elles sont permises par le laxisme de certains États, à commencer par les États-Unis ou la Grande-Bretagne, et par des failles dans le droit. D’autres opérations sont en revanche totalement illégales. Toutes sont immorales. En effet, en dissimulant de l’argent à l’étranger, ces personnes échappent à l’impôt, que vont payer des gens moins riches pour financer les dépenses de l’État : routes, écoles, armée, police…
Ces révélations sont d’autant plus choquantes quand il s’agit d’hommes politiques de pays pauvres ou en faillite, comme le Liban, champion de la création de sociétés dans des paradis fiscaux. Certains noms illustrent le vieil adage : « Faites ce que je dis, pas ce que je fais », car il s’agit de personnes déclarant lutter contre la corruption ou multipliant les leçons de morale.
Ainsi, les Pandora Papers illustrent les limites de la finance moderne, permises par la puissance des ordinateurs et les failles du droit, qui autorisent des personnes très riches à s’affranchir en toute discrétion du paiement de l’impôt. Qui saura y mettre fin ?
Le savais-tu ?
La légende de la boîte de Pandore
Dans la mythologie grecque, Pandore est créée par les dieux pour punir l’humanité après le vol du feu par Prométhée. Pandore vit parmi les hommes et les dieux lui confient une boîte - connue sous le nom de boîte de Pandore - qui contient tous les maux du monde. Elle ne doit l’ouvrir sous aucun prétexte, mais, dévorée de curiosité, elle décide toutefois d’y jeter un coup d’œil furtif. Et déclenche ainsi tout le mal qui existe dans le monde : maladie, guerre, famine, misère… Cette légende est devenue le synonyme d’une source de complications sans fin.
André Lefort
Actuailes n° 136 - 13 octobre 2021
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