Le 1er octobre dernier, le gouvernement français annonçait une augmentation du prix du gaz. Quelques jours auparavant, la Grande-Bretagne relançait ses centrales électriques à charbon, faisant fi de ses engagements pour le climat. Quelle mouche a donc piqué les Européens ?
En un mois, les prix du gaz ont augmenté de 70 % au Royaume-Uni et de 10 % en Europe, en une seule journée. Mais l’électricité n’est pas en reste et son prix a été multiplié par trois depuis avril 2020. Cela signifie qu’il faut maintenant payer plus cher pour se chauffer, faire fonctionner ses appareils électriques, circuler en voiture, mais aussi pour faire tourner les usines qui produisent ce que nous utilisons tous les jours. Pourquoi cette flambée des prix ?
Il faut d’abord se rappeler que l’Europe produit peu de l’énergie qu’elle consomme et doit donc l’importer. C’est particulièrement vrai pour le gaz et le pétrole qui proviennent surtout de Russie et d’Asie centrale via gazoducs et oléoducs. Elle doit ensuite stocker cette énergie dans d’importantes cuves pour anticiper les variations de la consommation. Or l’hiver 2020, froid et long, a utilisé beaucoup de ces réserves et les États ne les ont pas renouvelées immédiatement.
Pour l’électricité, le problème est légèrement différent puisqu’il n’est pas possible de la stocker. Ce sont plutôt les politiques environnementales qui ont leur part de responsabilité : en limitant l’emploi de centrales nucléaires et en stoppant les usines électriques polluantes (charbon, mazout), les gouvernements ont investi dans des énergies renouvelables (éolien, solaire) dont la production n’est pas régulière et ne peut faire face à d’importantes augmentations de la demande d’énergie.
Car c’est bien l’élément déclencheur : la fin annoncée de la crise de la covid relance l’économie mondiale et tous les pays veulent réamorcer leurs usines. La Chine, l’Europe, l’Amérique, chacun veut augmenter ses stocks de gaz et de pétrole et amplifier sa production d’électricité. Certains relancent alors leurs usines électriques polluantes, d’autres sont prêts à payer le gaz très cher, provoquant ainsi une envolée des prix. On retrouve ici une vieille règle de l’économie : ce qui est rare est cher. Si tout le monde veut la même chose, son prix augmente.
L’énergie est un enjeu primordial pour l’économie d’un pays et la vie de ses citoyens. Que deviendront les belles déclarations sur le climat, si les États relancent leurs usines à charbon ? Les besoins énergétiques peuvent conduire à d’importantes tensions entre pays. L’Histoire nous l’a déjà montré. Affaire à suivre, donc.
Actuailes n° 136 - 13 octobre 2021
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