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La Tunisie dans l'incertitude

La Tunisie dans l'incertitude

12-10-2021 à 18:32:00

Alors que son pays souffre économiquement, politiquement et socialement, le président tunisien s’arroge les pleins pouvoirs et installe, ce lundi 11 octobre 2021, un nouveau gouvernement.

 

La Tunisie est prise dans des tourments économiques, marqués par une chute libre du pouvoir d’achat des Tunisiens, depuis la révolution de 2011. Elle connaît également une crise sanitaire avec des chiffres très élevés de mortalité due à la covid. Faute de pouvoir améliorer la condition du peuple, les gouvernements successifs ont englouti les financements internationaux dans l’aide d’urgence au lieu d’investir et de réformer. Au terme d’une décennie d’immobilisme, la Tunisie est au bord du gouffre. La crise sanitaire a aggravé la défiance envers les pouvoirs publics.

Invoquant un « péril imminent » qui menacerait l’État, le président tunisien Kaïs Saïed a limogé, le 25 juillet dernier, le Premier ministre islamiste, Hichem Mechichi, jugé responsable, par son inaction, des différentes crises. Kaïs Saïed a également gelé les activités parlementaires et levé l’immunité de tous ses membres, en invoquant l’article 80 de la Constitution tunisienne. Celui-ci l’autorise à prendre « toutes les mesures requises ».

Pour faire jouer cet article, il faut en informer la Cour constitutionnelle, laquelle n’a toujours pas été formée. Kaïs Saïed a donc joué sur l’ambiguïté de l’article pour suspendre le travail du Parlement pour une durée indéterminée. Passé un délai de trente jours, le président doit saisir la Cour pour « vérifier si les circonstances exceptionnelles perdurent », ce qui est impossible en l’absence de cette instance. Ces mesures radicales ont reçu l’approbation d’une grande majorité des Tunisiens, lassés de la stérilité des querelles partisanes et de la corruption.

Cet événement marque également la dégringolade du parti d’islam politique Ennahda, aux rênes de l’État depuis la révolution, et qui a déçu l’électorat tunisien, s’avérant incapable d’améliorer son quotidien.

Pour sa part, Kaïs Saïed a nommé une femme, Najla Bouden, Premier ministre. Ce faisant, des voix l’accusent de manipuler la figure de la femme pour séduire les puissances occidentales et présenter un masque de démocratie. Plus de deux mois après ce coup d’éclat, on ne perçoit pas l’aboutissement de la crise institutionnelle. Le président semble être seul juge du moment du retour au droit ordinaire – une situation qui fait craindre un nouvel autoritarisme, dix ans après la révolution qui a renversé le système dictatorial de Ben Ali. Kaïs Saïed sera-t-il un sauveur ou un énième tyran ?

Nour

Actuailes n° 136 - 13 octobre 2021


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