Un homme venait de perdre sa femme, ses enfants, son travail. Il ne lui restait plus rien, si ce n’est ses yeux pour pleurer et ses mains pour se prendre la tête.
Comme les liens qui le retenaient chez lui étaient brisés, il décida de partir à l’aventure ; et cela dans l’espoir de retrouver le bonheur perdu. Il prit la route d’un pas décidé, sans même savoir où celle-ci le mènerait.
L’étrange voyageur fit une première étape dans un pays où il tomba sur des gens matérialistes. Ils avaient l’air joyeux et serein, alors il s’empressa de leur demander ce qu’il fallait faire pour être heureux. Ils lui répondirent :
– C’est simple ! Le bonheur, c’est d’avoir suffisamment de richesses pour bien vivre et se faire plaisir.
– Mais, Messieurs, reprit l’homme, j’avais de l’argent auparavant et je n’en ai plus à présent ! Ai-je perdu tout espoir d’être heureux ?
Ne sachant que répondre, les matérialistes restèrent silencieux. Alors l’homme les quitta, déçu par ce premier entretien.
Néanmoins, il poursuivit son voyage jusque dans une autre contrée. Et là, il rencontra un musulman souriant. À lui aussi, il posa la question du bonheur :
– Savez-vous, Monsieur, ce qu’est le bonheur ?
– À n’en pas douter, l’argent est une bénédiction de Dieu. Mais il n’y a pas plus heureux que celui qui possède une femme et des enfants !
– Oui, j’ai connu ce bonheur… Mais n’y a-t-il rien d’autre ?
– Ah, ça, Dieu seul le sait !
Ce fut une nouvelle déception pour notre aventurier en quête du bonheur. Il s’en alla encore plus loin, dans un lieu reculé.
À cet endroit, il vit un moine bouddhiste en train de méditer. Impressionné par la paix qu’il dégageait, le voyageur s’approcha pour l’observer de plus près. Ayant senti sa présence, le moine le regarda et lui adressa la parole :
– Vous m’avez tout l’air d’un homme en quête d’un savoir. N’est-il pas vrai ?
– En fait, je voudrais savoir ce qu’est le bonheur. Peut-être pourriez-vous m’éclairer ?
– Oui, voyez-vous, la plupart des gens pensent que, pour être heureux, il faut chercher à posséder beaucoup de biens. Alors que, le vrai bonheur, c’est de ne rien désirer.
– Ne rien désirer ! Mais cela ne revient-il pas à renoncer au bonheur ?
Découragé, le voyageur n’y croyait plus. Alors, il se résigna à rentrer chez lui. Sur la route du retour, il croisa par hasard un marcheur solitaire. C’était un religieux chrétien. Il le salua et lui dit :
– Vous aussi, vous cherchez le bonheur, n’est-ce pas ?
– Non, dit-il, je l’ai déjà trouvé. Et je m’en vais le partager.
– Vraiment ! Qu’est-ce alors ?
– Le bonheur est à la portée de tous et il ne passe pas.
– Et pourtant, tout passe en ce monde !
– Oui, c’est pourquoi le bonheur parfait consiste à connaître et aimer le Dieu éternel, source inépuisable de joie.
Frère André-Marie
Actuailes n° 136 - 13 octobre 2021
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