Comme un jardinier arrosant la graine qu’il a semée en terre dans l’espoir de voir pousser un germe, quelque part une femme verse des larmes sur la tombe de son fils. Mais une plante ne pousse pas sans un rayon du ciel.
Interpellé par les pleurs de la femme, un passant s’arrête pour tenter de la réconforter.
– Madame, je veux vous exprimer mes condoléances pour la perte de votre enfant. J’imagine qu’il n’existe pas de douleur plus grande. Puis-je faire quelque chose pour vous ?
– Merci, mais il n’y a plus rien à faire. Il est parti et il ne reviendra plus…
Après un silence, l’homme reprend :
– Vous l’aimez toujours, n’est-ce pas ?
– Oui, bien sûr !
– Alors, je vous assure que rien n’est perdu. Vous pouvez encore lui rendre un dernier service.
– Et comment puisqu’il n’est plus de ce monde ? Je pouvais veiller sur lui quand il était avec moi, mais maintenant qu’il s’en est allé…
– Si vous portez dans votre cœur l’être cher que vous avez porté dans vos entrailles, alors portez-le encore dans vos prières, et ainsi vous l’aiderez à traverser la mort jusqu’à la vie éternelle. Et enfin, parvenu auprès de Dieu, il vous préparera une place près de lui.
– Mais, pour l’instant, je ne vois qu’une place vide là où il devrait être.
– La Providence divine ne permet jamais un mal sans qu’un bien plus grand n’en ressorte. Alors, même si cela est difficile, il faut croire que Dieu l’a placé là où il devait être. Prenez l’exemple de Joseph, vendu par ses frères à des marchands d’Égypte. Son père Jacob le croyait perdu à jamais. Mais, providentiellement, il a été envoyé à l’avance là où devaient le rejoindre tous les siens. Et finalement, celui qu’on pensait mort était vivant et puissant auprès du Pharaon. Joseph aura donc été plus utile à ses proches loin d’eux que près d’eux. Cette histoire montre qu’une triste séparation peut préparer d’heureuses retrouvailles. Et elle est une image de ce que seront les retrouvailles célestes.
– Alors, j’espère qu’il en sera ainsi pour mon fils et moi.
– Moi aussi. Voulez-vous que nous disions une prière pour lui ?
– Bien sûr, je vous suis.
Les yeux fermés et les mains jointes, ils disent ensemble :
« Je vous salue Marie,
pleine de grâce ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes
Et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous,
pauvres pécheurs,
Maintenant et à l’heure de notre mort.
Ô mon Jésus,
pardonnez-nous nos péchés,
préservez-nous
du feu de l’enfer,
et conduisez au ciel
toutes les âmes,
secourez surtout celles
qui ont le plus besoin
de votre miséricorde.
Que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
Ainsi soit-il. »
La prière terminée, la femme ouvre les yeux et s’aperçoit que l’homme a disparu. Et sa tristesse aussi.
Frère André-Marie
Actuailes n° 137 - 17 novembre 2021
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