L’obligation vaccinale des soignants et l’instauration du passe sanitaire ont déclenché une grande colère en Guadeloupe. Les émeutes se sont ensuite étendues à la Martinique voisine.
Refus du vaccin
Les habitants des Antilles, Guadeloupe et Martinique, ont très tôt exprimé de grandes réticences vis-à-vis du vaccin et de son caractère obligatoire. La colère s’est particulièrement exprimée dans les hôpitaux où de nombreux personnels soignants non vaccinés craignaient d’être suspendus et donc privés de revenus. Avec seulement 40 % de pompiers vaccinés, les soldats du feu ont également réagi négativement aux différentes annonces du gouvernement. Ils ont reçu le soutien d’une large part de la population, dont seulement la moitié est vaccinée. La situation à l’hôpital a continué de se dégrader, avec la moitié des lits disponibles, faute de soignants.
Explosion de colère
La tension est montée d’un cran il y a une dizaine de jours avec le début d’émeutes violentes. De nombreux barrages ont été érigés sur les routes. Les manifestants n’ont pas hésité à tirer sur les gendarmes et les policiers. Des magasins ont été pillés. Parties de Guadeloupe, les tensions ont vite gagné la Martinique voisine. D’autres revendications ont alors été exprimées, en particulier en lien avec la pauvreté des Antilles. En Guadeloupe, un quart des familles vivent sous le seuil de pauvreté et plus de 50 % des jeunes sont au chômage. Il existe également de graves problèmes d’approvisionnement en eau potable.
La réponse du gouvernement
Après avoir ignoré la colère qui montait, le gouvernement s’est d’abord montré inflexible sur l’obligation vaccinale des pompiers et des personnels soignants. Le GIGN et des renforts de gendarmes ont été envoyés pour rétablir l’ordre. Puis, face à la montée des tensions, le gouvernement a d’abord repoussé au 31 décembre l’obligation vaccinale, puis proposé de réfléchir sur une plus grande autonomie de l’île, certains conseillers n’hésitant pas à insinuer que, si les Guadeloupéens refusent les lois sur la vaccination et le passe sanitaire, leur place dans la République peut être remise en cause.
Cet épisode de colère met en évidence la défiance qui règne entre les Antilles et la métropole sur la gestion de la pandémie et l’absence de dialogue quand les règles sanitaires sont remises en cause, comme l’illustre l’envoi du GIGN face à des émeutiers faiblement armés.
André Lefort
Actuailes n° 138 - 1er décembre 2021
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