Le sommet bisannuel Chine-Afrique a commencé le 28 novembre à Dakar dans un format plus modeste que les précédents, le président chinois Xi Jinping ne s’étant pas déplacé. Alors que la « Chinafrique » était jusqu’alors louée par les Africains en tête, y aurait-il un essoufflement diplomatique et économique des relations entre ces deux puissances démographiques ?
Depuis plus de vingt ans, la Chine a inexorablement accru sa présence en Afrique. Profitant de la position de faiblesse des anciennes puissances coloniales du continent, la France en premier lieu, ces échanges économiques ont longtemps été naïvement vus comme désintéressés par nos amis africains. Ils n’avaient, en fait, pour autre objectif que l’attrait des sous-sols africains, l’approvisionnement en matières premières à bas coût et l’expansion de leurs emprises côtières sur la fameuse route de la soie : une sorte de « colonisation 2.0 », qui avançait masquée, sans dire son nom.
Sans remettre en cause ce qui a été fait jusqu’ici, la pandémie de covid-19 et la dette accrue des pays africains ont levé le doute sur le vrai visage de la Chine. De nombreux investissements chinois en Afrique sont aujourd’hui en souffrance : fin du financement de la ligne de chemin de fer entre Mombasa et l’Ouganda, de l’autoroute Douala-Yaoundé au Cameroun, ou d’un autre projet de chemin de fer en Éthiopie. Surtout, les banques chinoises sont devenues prudentes et les prêts d’argent coûtent très cher à un partenaire africain, dont les dirigeants seraient en train de sortir de leur admiration béate, leurs espoirs ayant été déçus. Jean-Yves Le Drian avait même été jusqu’à dire que la Chine agissait en « prédateur », faisant bondir les Chinois !
La Chine reste le premier partenaire commercial de l’Afrique, avec près de 200 milliards d’échanges par an et détenant un tiers des grands chantiers d’infrastructures. Mais son investissement reste uniquement économique, et il sera intéressant de voir la réponse apportée à la demande du Sénégal de voir la Chine contribuer militairement au conflit au Sahel.
La Chine avait pris les devants fin septembre et déposé une résolution dénonçant « l’héritage du colonialisme » européen devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui rassemble quarante-sept États. Cela constituait une parade aux critiques potentielles contre les pratiques coloniales brutales de Pékin envers les minorités tibétaine et ouïghoure. La Chine parle d’une « nouvelle ère », les pays africains se posent, quant à eux, plus de questions que jamais…
Guillaume de B.
Actuailes n° 138 - 1er décembre 2021
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