Voir Dieu dans le prochain

L’Avent est le temps liturgique qui précède la fête de Noël. Le terme « Avent » vient du latin adventus et signifie la venue. En ce temps, l’Église nous invite à nous préparer pour une venue. Quelle est donc cette venue ?

Il s’agit, bien sûr, de la venue de Notre-Seigneur Jésus-Christ. À vrai dire, le Seigneur est déjà venu une première fois en naissant à Bethléem il y a 2021 ans.  Et il viendra dans toute sa gloire à la fin du monde pour juger les vivants et les morts. Mais, entre ces deux venues, le Seigneur vient aussi mystérieusement frapper à la porte de nos coeurs dans l’espoir qu’on lui ouvre. Il nous faut donc être attentifs pour ne pas rater son passage.

Une des façons pour Dieu de se manifester à nous, c’est le prochain. Dans l’évangile, on voit souvent Jésus s’identifier aux plus petits : l’affamé, l’assoiffé, l’étranger, le pauvre, le malade, le prisonnier (Mt 25, 40). Toutes ces personnes sont en quelque sorte invisibles. Bien que l’on sache qu’elles existent, nous organisons souvent nos vies de telle manière que nous n’ayons pas à voir leur misère et leur solitude, un peu comme Lazare et le riche (Lc 16, 19-31). Il en va de même pour Dieu. Beaucoup vivent comme si Dieu n’existait pas et ne lui prêtent pas attention, car nos yeux ne peuvent pas le voir. On comprend donc pourquoi Jésus se reconnaît dans les plus petits et comment l’amour que l’on a pour lui se vérifie dans notre amour pour le prochain.

Le Seigneur l’a rappelé à sainte Catherine de Sienne, une tertiaire dominicaine du XIVe siècle, lorsqu’il lui a dit : « Vous ne pouvez donc me rendre, à moi, l’amour que je vous réclame. Mais je vous ai placée à côté de votre prochain, pour vous permettre de faire pour lui ce que vous ne pouvez faire pour moi : l’aimer par grâce et avec désintéressement, sans en attendre aucun avantage. Je considère alors comme fait à moi ce que vous faites au prochain » (Dialogue, chap. 64).

Mais alors, qui est mon prochain ? Le prochain, ce ne sont pas seulement nos proches et nos amis, ce sont aussi toutes les personnes que Dieu met sur notre route ; car, comme l’a enseigné Notre-Seigneur, « Si nous aimons ceux qui nous aiment, quelle récompense méritons-nous ? Les publicains n’en ont-ils pas fait autant ? Et, si nous réservons nos saluts à nos frères, que faisons- nous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? » (Mt 5, 46-48).

Le chrétien, lui, doit rechercher l’amour parfait, cet amour qui fait voir en toute personne une créature que Dieu a aimée au point de donner son Fils unique sur la croix. Aimer ainsi, c’est accueillir Jésus dans son coeur, c’est contribuer à faire venir son règne sur la terre, pour qu’enfin puisse se manifester pleinement sa gloire. 

Frère André-Marie

Actuailes n° 138 - 1er décembre 2021