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David contre Goliath

David contre Goliath

14-12-2021 à 20:53:40

Le 9 décembre dernier, en Italie, la société américaine Amazon s’est vu infliger une amende historique de 1 128 milliards d’euros par l’Autorità Garante della Concorrenza e del Mercato, l’administration italienne de la concurrence. La raison ? Amazon est accusée de profiter de sa position dominante
en Italie pour imposer ses conditions de prix et son service logistique de façon indue.

Ce type de pratique, nommée « abus de position dominante », est une tentation facile pour les mastodontes mondiaux qui cherchent en permanence à continuer leur taux de croissance effréné, parfois au détriment de la loi. Depuis l’apparition de l’économie digitale, les géants américains (surnommés GAFAM) ont été très souvent jugés pour ces abus commis en Europe. Microsoft a ainsi été condamnée à plus de 2 milliards cumulés, Google à 8 milliards et Apple à 13 milliards !

Si ces chiffres paraissent énormes, ils ne sont que des gouttes d’eau comparés aux bénéfices que ces entreprises ont réalisés en Europe depuis toutes ces années. En effet, Amazon représente 20 % de tout le commerce électronique en Europe, Google 92 % de toutes les recherches et le marché européen est en général le deuxième en importance pour tous les GAFAM.

Leur gigantisme et leurs pratiques abusives sont d’autant plus choquants que ces multinationales ne payent que très peu d’impôts en Europe, voire pas du tout (comme Amazon). Les entreprises européennes qui sont en concurrence avec les GAFAM sont beaucoup plus taxées !

Comment est-ce possible ? C’est en fait légal, bien qu’injuste, car ces multinationales américaines jouent sur toutes les législations fiscales des différents pays, grâce aux brèches ouvertes par les traités et règles de l’Union européenne dans la souveraineté des États.

Pire, les géants américains ont très largement profité de la crise du covid – la plupart ont doublé leur valeur boursière en quelques mois –, alors que d’innombrables entreprises et commerces européens ont été ruinés.

Cette situation commence à créer un large ressentiment dans l’opinion publique ; c’est pourquoi, en novembre dernier, le Parlement de l’Union européenne a adopté le « Digital Markets Act », un texte visant à mieux surveiller les abus de marché des géants du web. Est-ce le début d’une prise de conscience ou un énième effet d’annonce peu suivi d’effets (Actuailes n° 82) ?

L’économie doit être soumise aux intérêts et au bonheur des gens. La liberté d’entreprise et l’innovation (dont les GAFAM sont des champions) peuvent être des aiguillons d’amélioration pour la vie quotidienne. Mais elles peuvent aussi s’avérer néfastes aux équilibres sociaux, au bien-être des populations et à la stabilité des États. Ainsi les réseaux sociaux américains ont largement prouvé leur toxicité envers les personnes et leur dangerosité politique (manipulation d’élections, révoltes…). Dans de tels cas, il est du devoir des citoyens, à travers les États qu’ils contrôlent démocratiquement, de les punir financièrement, de les interdire sur leur territoire et, au besoin, de les démanteler.

 

Actuailes n° 139 - 15 décembre 2021


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