Le président français Emmanuel Macron s’est rendu la semaine dernière dans le Golfe arabo-persique pour une visite au pas de course. Il a affiché
des objectifs très clairs et très ambitieux vis-à-vis des Émirats arabes unis, du Qatar et de l’Arabie saoudite.
La diplomatie du chef de l’État
Lors de cette visite expresse à trois pays du Golfe, le président de la République a cherché à préciser le rôle de la France dans cette région. Nos relations sont globalement bonnes avec ces pays, notamment sur le plan économique. En effet, les Émirats, le Qatar et l’Arabie saoudite sont de bons clients en matière d’armement et de technologie, et des fournisseurs historiques de pétrole et de gaz.
Mais, au long de l’Histoire, nos liens ont beaucoup évolué, souvent pour des raisons politiques (au gré des affinités entre les chefs d’État, par exemple) et sécuritaires (la lutte mondiale contre le terrorisme). Emmanuel Macron était donc venu rappeler la place de la France dans cette région : nous discutons avec tout le monde… mais pas en même temps.
On ne peut pas plaire à tous
Le président français est le premier dirigeant occidental à rencontrer le prince saoudien Mohammed ben Salmane. Celui-ci était, en effet, largement boycotté depuis le meurtre – médiatisé pour sa cruauté – d’un journaliste opposé au régime saoudien.
De plus, pour des raisons géopolitiques, l’Arabie saoudite ne s’entend pas avec le Qatar. Il s’agissait donc de bien choisir l’ordre des visites, pour ne pas froisser le Qatar, qui ne s’entend pas non plus avec les Émirats.
Qu’importe, les uns se procurent des avions Rafale, les autres des navires, les troisièmes des missiles… Ces voisins savent coopérer lorsqu’il le faut et, notamment, quand il est question de budgets. Mais, au-delà de l’objectif économique, c’est la stabilité d’une région que fuient les Américains qui est en jeu.
Les leçons de l’Histoire
Dans le portefeuille des sujets à aborder, le président Macron avait un paragraphe sur le Liban. L’Arabie saoudite, longtemps riche parrain de ce petit pays méditerranéen, a récemment coupé ses subventions. Et, vu la situation catastrophique à Beyrouth aujourd’hui, une aide voisine pourrait être déterminante. En tant qu’ancienne puissance mandataire au Liban, Paris cherche des solutions…
Quant au Qatar, qui a aidé les Occidentaux en Afghanistan ces dernières années, c’est un geste de reconnaissance qu’est venu poser le président
Mais, surtout, cette visite était un exercice d’influence face à la Russie et à la Chine, qui, vu les dernières interventions occidentales dans la zone, ont au moins l’Histoire pour elles.
Abu Jibril
Actuailes n° 139 - 15 décembre 2021
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