Vierge à l’Enfant, dite Madone Campana Sandro Botticelli (1445-1510)

Noël approche, cette douce Vierge à l’enfant est donc de circonstance, alors que nous allons fêter Jésus nouveau-né.

Botticelli (dont le vrai nom est Alessandro Filipepi) nous donne à voir un Jésus très humain, puisque sa maman s’apprête à l’allaiter. Le geste est discret, mais il n’y a pas de doute : Jésus, vrai Dieu, mais aussi vrai homme, a besoin de manger, et sa mère va lui donner ce dont il a besoin pour vivre. De sa main droite, elle caresse la joue de l’enfant, d’un geste tendre. Jésus n’aura ainsi manqué, ni de l’amour de sa mère, ni de nourriture terrestre, et tel est le vrai sens de ce tableau.

La Vierge est assise dans une loggia (un balcon couvert, prisé dans l’architecture italienne, qui fait le lien entre l’intérieur et l’extérieur). L’endroit s’ouvre sur un paysage escarpé au ciel bleu, à peine voilé de quelques nuages, dont la perspective entraîne le spectateur dans le lointain. Un seul arbre s’élance vers le ciel.

Marie porte une robe rouge et un manteau bleu, couleurs traditionnelles pour ses vêtements. Le tissu de la robe est plus fin que celui du manteau, vous le remarquerez à la différence des plis. La taille est haute, marquée par une ceinture. Le peintre parvient à rendre parfaitement la finesse du voile, transparent, délicatement arrangé sur la chevelure blonde.

L’Enfant-Jésus, bien potelé, tend un bras vers sa mère. Il est enveloppé d’un simple linge. Sa main gauche, attrapant le manteau de sa mère, est à peine esquissée, alors que la droite est beaucoup plus précise.

Les deux personnes se regardent, mais l’impression est plutôt mélancolique. Il y a à peine l’esquisse d’un sourire, chez l’un comme chez l’autre. Marie semble réservée. L’artiste ne nous propose pas une simple mère avec son enfant, mais nous invite à la méditation du mystère de Dieu fait homme.

Sophie Roubertie

Actuailes n° 139 - 15 décembre 2021