Afin de contraindre les cinq millions de Français non vaccinés à franchir le pas, le gouvernement souhaite instaurer, à partir du 15 janvier, un passe vaccinal.
Arrivée très vite au Parlement, la loi a été difficilement votée le 6 janvier par l’Assemblée nationale, et est présentée au Sénat le 10 janvier. La loi prévoit la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal et vise, selon le Premier ministre, à endiguer l’épidémie. Le ministère de la Santé estime que les non-vaccinés seraient responsables de la saturation des services de réanimation et menaceraient les personnes vaccinées en propageant le virus.
À partir du 17 janvier, toute personne de plus de 18 ans devra être vaccinée (les tests PCR négatifs n’étant plus acceptés), ou avoir été infectée récemment par la covid, pour aller au cinéma, au théâtre ou voyager en train. Les restaurateurs pourront vérifier la pièce d’identité de leurs consommateurs. Le test restera valable pour accéder à l’hôpital, ou pour les sorties scolaires des moins de seize ans.
Les réserves
La première réserve porte tout d’abord sur l’intention sanitaire de cette loi. Le président Macron a déclaré qu’il souhaitait « emmerder les non-vaccinés jusqu’au bout ». « Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen. » Outre la vulgarité de ces propos, les mots ont choqué, car la loi n’interdit pas de ne pas être vacciné. De plus, cette phrase fracture la société dont le président doit être le rassembleur.
D’autre part, cette loi pourrait être contre-productive et illusoire, car le vaccin ne semble pas protéger du variant Omicron aussi efficacement qu’annoncé, comme l’atteste l’explosion des cas positifs actuellement. Le Premier ministre avait avancé en juillet que les vaccins étaient efficaces à 95 %, et son ministre de la Santé que les cas positifs seraient de 200 à 300 par jour quand la population serait vaccinée à 90 %. Ce n’est malheureusement pas le cas. Il peut également apparaître paradoxal de trouver plus dangereuse une personne non vaccinée négative qu’une personne vaccinée qui peut transmettre le virus.
Enfin, le passe vaccinal ouvre la voie à de très fortes restrictions de liberté et à des contrôles d’identité par les restaurateurs. À ce jour, cette possibilité n’est permise qu’à des policiers.
La suite
Il est fort probable que les rappels de vaccins s’accéléreront, car le gouvernement y voit une possibilité de garantir une meilleure efficacité de la vaccination et d’éviter les formes graves, ce que semblent prouver les chiffres du ministère de la Santé. Mais la question est de savoir combien de vaccins seront nécessaires chaque année ?
D’autre part, le gouvernement pourrait opter pour l’obligation vaccinale de tous les Français, comme c’est le cas en Italie pour les plus de cinquante ans. Enfin, les réserves émises par les personnes hostiles aux vaccins actuels pourraient tomber avec l’arrivée prochaine d’un vaccin sans ARN messager, le Novarax.
Hors des polémiques, cette pandémie met en lumière la faiblesse de l’hôpital, qui a perdu cent mille lits depuis 1998, et dont 20 % des lits ne seraient pas opérationnels aujourd’hui, faute de personnel soignant.
Les chiffres de la covid au 7 janvier 2022
78 % de la population doublement vaccinée – 40 % triplement vaccinée 3 600 patients en réanimation
dont 52 % de non-vaccinés
93 % des morts ont plus de 65 ans, les deux-tiers avaient
une autre maladie
15 enfants de moins de 19 ans sont décédés de la covid (sur 122 000)
Sources Ameli, santepubliquefrance.fr
André Lefort
Actuailes n°140 - 12 janvier 2021
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