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Les vingt ans de l'euro

Les vingt ans de l'euro

11-01-2022 à 11:22:00

Le 1er janvier 2002 à minuit, les distributeurs de billets délivraient pour la première fois des euros. Pour le meilleur ou pour le pire ?

Il y a vingt ans, la France et dix autres pays européens décidaient d’abandonner leur monnaie nationale pour une monnaie unique, l’euro : adieu le franc, la lire (Italie), la peseta (Espagne) ou le deutschmark (Allemagne) ! Pas moins de 15 milliards de billets et 50 milliards de pièces arrivèrent sur le marché, sous forte protection de l’armée et de la police.

Pendant longtemps, les étiquettes des magasins furent encore indiquées en francs et en euros, afin de permettre aux gens d’évaluer le prix des produits. Il fallait en effet 6,56 francs pour avoir un euro. D’autres États ont ensuite rejoint la zone euro qui regroupe aujourd’hui dix-neuf pays parmi les vingt-sept de l’Union européenne, soit 340 millions de personnes.

Les avantages

Après une période de méfiance, les Français se sont finalement approprié l’euro. Une large majorité d’entre eux ne souhaitent aujourd’hui plus revenir au franc. La monnaie unique simplifie les déplacements au sein de l’Union européenne, puisqu’il n’est plus nécessaire de changer son argent à chaque traversée de frontière. Or chaque transaction voyait l’agent de change prendre une commission. Il s’agit donc d’une économie pour les touristes allant en vacances en Italie ou en Espagne.

Il est également plus facile pour une entreprise ou un particulier de comparer des prix s’il achète à l’étranger. Enfin, il s’agit d’une monnaie stable, mais qui n’a toutefois pas détrôné le dollar comme monnaie de référence dans le monde.

Et les
inconvénients

La révolution engendrée par l’euro fut tout d’abord l’abandon par les États de leur privilège de battre monnaie. Le franc datait du 5 décembre 1360. Créé par Jean II le Bon, il représentait le roi à cheval et servit à payer sa rançon après sa capture par les Anglais à la bataille de Poitiers. Il s’agit donc d’un abandon de souveraineté, c’est-à-dire de notre autonomie à décider par nous-mêmes comme Français.

Le second reproche fait à l’euro est qu’il aurait tiré les prix vers le haut. Ce fut certes vrai au début sur certains produits, car des commerçants, en convertissant du franc à l’euro, arrondissaient aux chiffres supérieurs. Les prix des produits de base ont eu tendance à monter, mais ceux de beaucoup d’articles baissèrent dans le même temps : ordinateurs, télévisions, vêtements… Ce sont donc les gens les moins riches qui ont eu cette désagréable impression, car ils consomment davantage de produits de base.

Le principal reproche fait à l’euro concerne la compétitivité de nos entreprises, c’est-à-dire leur capacité à être moins chères sur des marchés où il y a des concurrents. Depuis le passage à l’euro, cette compétitivité a baissé, comme le souligne notre balance commerciale, qui résulte de la différence entre ce que nous vendons à l’étranger (les exportations) et ce que nous achetons à d’autres pays (les importations). Cette balance était positive de 5 milliards en 2002 ; en 2021, elle est négative de 70 milliards d’euros, et en constante dégradation. Certains économistes considèrent que l’euro est 30 % trop cher pour l’économie française, dont les entreprises subissent, en outre, beaucoup d’impôts.

Aujourd’hui bien accepté par la population, l’euro a toutefois eu un impact négatif sur notre capacité à vendre des produits à l’étranger et a réduit notre souveraineté nationale. Sera-t-il un enjeu de la prochaine campagne présidentielle ? C’est peu probable. 

André Lefort

Actuailes n° 140 - 12 janvier 2022


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