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La Birmanie dans l’impasse

La Birmanie dans l’impasse

11-01-2022 à 11:45:09

Vendredi 24 décembre, trente-cinq personnes ont été tuées dans une attaque en Birmanie. Un an après le coup d’État, le pays s’enfonce dans la guerre civile.

La Birmanie est une ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1948. Elle a connu trois coups d’État militaires, en 1962, 1988 et 2021. La constitution permet à l’armée birmane (Tatmadaw) de conserver un pouvoir politique considérable : les ministres de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires frontalières ainsi qu’un des deux vice-présidents sont nommés par le chef d’état-major des armées et 25 % des sièges du Parlement sont réservés à ses membres, interdisant de facto toute évolution.

La « Ligue nationale pour la démocratie » incarne l’opposition au régime. À sa tête se trouve l’emblématique Aung San Suu Kyi, lauréate du prix Nobel de la Paix (1991), fille d’un général héros de l’indépendance, assassiné en 1947. Emprisonnée une première fois en 1990 après la victoire de son parti aux élections, elle n’a été libérée qu’en 2010. Après une décennie de transition et de normalisation qui lui a permis d’accéder au pouvoir, elle garde une large adhésion populaire. Mais l’histoire, tragique, se répète : malgré un nouveau succès électoral en janvier 2021, elle est arrêtée et assignée à résidence. Le 6 décembre dernier, elle était condamnée par la junte à deux ans de prison pour « incitation aux troubles publics et violation des règles sanitaires ».

L’opposition sur le chemin de la lutte armée

Depuis un an, la résistance populaire s’organise. Après les manifestations publiques et les grèves générales des débuts, des milices armées se constituent dans les différents États ; un gouvernement d’union nationale a vu le jour, qui appelle à « une guerre défensive ». La spirale de la violence est enclenchée. Le ciblage délibéré des policiers et militaires expose la population civile à des représailles. C’est ce qui s’est passé dans la province de Kayah, dans l’est du pays, le 24 décembre dernier, où plus de trente-cinq personnes ont été tuées avant d’être brûlées, vraisemblablement par les forces armées régulières, provoquant l’indignation internationale. Parmi ces malheureux, deux bénévoles de l’organisation humanitaire britannique Save the Children.

La communauté internationale reste impuissante : un cessez-le-feu servirait les intérêts de la junte, tandis que la Chine s’oppose à toute résolution contraignante du Conseil de sécurité des Nations unies. À défaut, seules quelques mesures « individuelles » à l’encontre des chefs militaires ont été prises, sans effet dissuasif.

« Qui a la force a souvent la raison en matière d’État », disait Richelieu. Depuis le 1er février, la répression a fait près de 1 400 morts ; plus de 11 000 personnes ont été arrêtées. Pour 2022, puissions-nous souhaiter au peuple birman que cette force soit enfin orientée vers le bien commun. 

Birmanie ou Myanmar ?

En 1989, le pouvoir militaire birman décide de rebaptiser le pays en modifiant le nom anglais utilisé jusqu’alors : Burma (héritage colonial, dérivé de l’ethnie majoritaire bamar) devint Myanmar (« pays des premiers habitants » dans la langue du pays).

C’est aujourd’hui le nom adopté à l’ONU. Cependant, l’ambassadeur de France est toujours accrédité auprès de la « République de l’union de Birmanie », qui est à la fois la norme officielle et l’usage le plus répandu.

Emmanuel

Actuailes n° 140 - 12 janvier 2022


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