La fédération de riches et influentes cités-États cherche l’équilibre entre préservation de son identité arabe tribale islamique et l’attraction de talents nécessaires à sa prospérité économique.
Ces derniers mois, les Émirats arabes unis, petit pays du Golfe où l’islam est religion d’État, ont mené une politique d’ouverture particulièrement novatrice dans la région, avec pour objectif d’apparaître comme une nation moderne et d’attirer les talents à même de contribuer à la prospérité économique de l’émirat.
Parmi ces différentes réformes sociales et juridiques, on trouve l’allègement des restrictions sur la vente et la consommation d’alcool, le week-end fixé samedi-dimanche pour le secteur public – et non plus vendredi-samedi – et l’autorisation du mariage civil. Des décisions fortes dans un pays où 90 % des habitants sont étrangers.
Si un étranger résidant aux Émirats pouvait déjà se prévaloir des lois de son pays pour son statut personnel (mariage, divorce, garde des enfants, succession), il existe désormais un régime civil à part entière pour les non-musulmans dans la capitale des Émirats. En outre, des juges non musulmans présideront ces affaires impliquant des non-musulmans et rendront leurs verdicts en arabe et en anglais. Un couple canadien a déjà bénéficié de cette nouvelle loi : un tribunal d’Abou Dhabi lui a délivré un acte de mariage civil. L’objectif est d’inciter les étrangers, notamment les personnels hautement qualifiés, à rester dans la cité-État, et de les intégrer en montrant un visage tolérant et ouvert sur le monde.
Dans le contexte d’après-pétrole, mais également de post-pandémie de coronavirus, les Émirats cherchent à attirer des capitaux et de la main-d’œuvre qualifiée. Tout comme l’Arabie saoudite et le Qatar, ils s’évertuent à diversifier leur économie et à conserver leurs talents et leur expertise. Alors que la nationalité émiratie était jusqu’ici jalousement gardée par crainte d’une perte d’identité, la fédération permet désormais la naturalisation d’étrangers.
Depuis février dernier, Abou Dhabi accorde la nationalité émiratie à certains expatriés triés sur le volet, sur nomination et sous conditions. À la différence de Riyad qui ne naturalise que des Arabes musulmans, Abou Dhabi naturalise également des non-musulmans – une première dans le Golfe. Autant de décisions à visée économique qui prennent également une ampleur sociale. 2022 permettra-t-elle aux Émirats de poursuivre cette ouverture ?
Abu Jibril
Actuailes n° 140 - 12 janvier 2022
Actuailes 2024 © Tous droits réservés. Conditions d'utilisation with & by Website-modern - Se connecter