Le 26 décembre dernier s’éteignait Desmond Tutu, archevêque anglican du Cap. Figure majeure de l’Afrique du Sud et compagnon de lutte de Nelson Mandela contre l’apartheid, il était considéré comme le père spirituel de la nation arc-en-ciel.
The Arch, comme on le surnommait, a mené une vie de combats. Dans sa petite enfance, il survit à la polio, puis à la tuberculose qui le cloue au lit plus d’un an. Enseignant à l’origine, « Dieu le rattrape par le cou », comme il le disait en plaisantant ; il se tourne vers le séminaire en 1958. Au retour de ses études théologiques à Londres, il arpente l’Afrique australe, circulant à dos de cheval du Bostwana au Lesotho, où il devient prêtre en 1976. Son engagement contre l’apartheid prend alors de l’ampleur : à la lutte violente prônée par Mandela et ses partisans, Desmond Tutu préfère la non-violence.
Il reçoit le prix Nobel de la Paix en 1984 et change de dimension. La planète découvre alors ce petit bonhomme jovial, calotte sur la tête, qui occupe le terrain et n’hésite pas à clamer que « l’apartheid est une solution finale », secouant la communauté internationale.
À sa sortie de prison en 1990, puis lors de son élection en 1994, Nelson Mandela associe Desmond Tutu et le nomme président de la commission « Vérité et réconciliation » en 1995. Véritable confesseur de la nation arc-en-ciel, il demeure impartial et juge avec la même sévérité les exactions passées et les nouveaux corrompus proches du pouvoir.
Certaines de ses positions dérangeaient l’Église ces dernières années : il ordonne deux femmes prêtres en 1992 et soutient publiquement Gene Robinson, premier évêque américain gay, et la communauté LGBT. Cela ne doit néanmoins pas entacher la vie courageuse et les combats menés par The Arch, « voix des sans-voix » qui force l’admiration.
« Le décès de l’archevêque émérite Desmond Tutu est un nouveau chapitre de deuil dans l’adieu à une génération de Sud-Africains exceptionnels qui nous ont légué un pays libéré », a conclu le président Ramaphosa. Sa mort intervient, en effet, un mois et demi après celle de Frederik de Klerk, dernier président blanc du pays et qui avait officiellement mis fin au régime ségrégationniste.
Le savais-tu ?
L’apartheid (terme afrikaans signifiant « séparation ») est une politique de développement séparé,
selon des critères raciaux ou ethniques, mise en place à partir de 1948 en Afrique du Sud, affectant
les populations du pays dans des zones déterminées – les Bantoustans, qui regrouperont jusqu’à 74 %
de la population sud-africaine. Ayant fait l’objet d’une longue lutte, dont Nelson Mandela était le symbole, l’apartheid a été aboli en 1991.
Guillaume Puppo
Actuailes n° 140 - 12 janvier 2022
Actuailes 2024 © Tous droits réservés. Conditions d'utilisation with & by Website-modern - Se connecter