Nous avions suivi avec enthousiasme la magnifique prestation de ces jeunes choristes âgés de vingt à vingt-quatre ans en novembre ; ils sont arrivés vainqueurs lors de la finale. Ils nous font l’honneur de partager leurs motivations et leur aventure.
Pouvez-vous nous présenter l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et votre promotion ?
L’École spéciale militaire de Saint-Cyr fut fondée sous Napoléon en 1802. Elle est destinée à former les officiers de l’armée de Terre depuis plus de deux cents ans. L’on y entre civil et l’on en sort officier, prêt à commander une section, soit un ensemble d’une trentaine d’hommes et de femmes engagés sous les drapeaux.
Notre promotion est composée de cent quatre-vingts élèves-officiers qui se répartiront à la fin de l’année prochaine dans les diverses « armes », c’est-à-dire les différents métiers qui existent dans l’armée de Terre. L’année dernière, nous avons choisi notre parrain, le général Caillaud, qui est un exemple pour nous tous et imprime, sur l’ensemble du corps que nous formons, son empreinte et son idéal.
Comment est né ce projet ?
Le projet de La France a un incroyable talent est né d’une sollicitation de la production qui avait vu des vidéos du chœur des autres promotions sur YouTube. Elle nous a donc invités et nous avons accepté avec beaucoup d’enthousiasme à l’idée de vivre cette expérience singulière. Notre objectif était d’arriver à donner l’image la meilleure de l’armée et de Saint-Cyr, à travers le chant, afin de faire connaître au mieux notre institution et notre école.
Pouvez-vous raconter ces deux émissions vues de l’intérieur ?
À dire vrai, les deux émissions ont été assez différentes pour nous. Fin août, c’était la première fois que nous montions sur scène, donc une forme de pari, et surtout notre premier passage à la télévision. Nous revenions de permission, frais et reposés. Nous avons chanté un chant lent, émouvant, en hommage à tous les morts pour la France et leurs familles.
Notre deuxième passage arrivait, en revanche, à la fin d’une longue et fatigante période qui nous avait demandé beaucoup de travail et d’investissement. Nous commencions à être rodés pour la télévision, les interviews… et la joie de la découverte avait laissé place à la concentration et au travail. Notre chant était moins spontané, plus précis, techniquement plus travaillé, plus compliqué.
La libération à l’annonce des résultats a été immense et nous avons tout de suite pensé à ceux qui ont voté pour nous avec émotion et gratitude. Nous étions aussi extrêmement fiers et heureux d’avoir vécu cela ensemble, avec cette bande d’amis et de frères d’armes que nous sommes.
Pourquoi avez-vous choisi ces chants ?
Le but, lors du premier passage, était de créer un choc émotionnel intense pour montrer ce que nous étions capables de créer avec notre chœur (qui a une histoire à raconter) tout en portant un message : il existe en France une armée faite de soldats qui se sont sacrifiés pour la grandeur de ce pays, et d’autres encore qui sont prêts à faire le même sacrifice aujourd’hui.
La deuxième étape était pour nous l’occasion de montrer une fois de plus les émotions que pouvait dégager un chœur de quarante jeunes. Le but était aussi de faire découvrir ou redécouvrir certains chants connus que l’on peut rattacher au répertoire militaire. Ce « pot-pourri » permettait de montrer l’étendue de nos capacités techniques : modulations, changements de mesure, nuances… Tout cela, bien sûr, conclu par La Marseillaise, très importante pour nous. Elle rassemble les Français autour d’une histoire, d’une identité et, spécialement dans l’armée, autour du drapeau que nous montons tous les matins au sommet du mât des couleurs. Nous étions aussi sur scène pour évoquer tout cela grâce à la musique.
Que souhaiteriez-vous faire partager à nos lecteurs ?
Nous aimerions faire partager au plus grand nombre notre amour de la France. Parmi les nombreuses valeurs que nous portons à Saint-Cyr, c’est celle qui nous paraît la plus importante et la plus fondamentale. Elle donne une direction, un sens à notre mission, elle permet d’entretenir la fraternité d’armes, la cohésion et la solidarité, elle nous fait vivre un idéal commun.
Actuailes n° 140 - 12 janvier 2022
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