Truth Social, le nouveau réseau

Évincé des réseaux Facebook, Twitter et YouTube, l’ex-président américain Donald Trump lancera, le 21 février, son propre réseau baptisé Truth Social.

Donald Trump n’a pas accepté sa défaite lors des élections américaines de 2020, qu’il a dénoncées comme truquées. En signe de protestation, ses partisans ont pris d’assaut le Capitole, symbole de la démocratie aux États-Unis.

C’était il y a un an, le 6 janvier 2021. Ces événements qui ont profondément marqué les Américains et le monde ont tout de même causé cinq morts. Facebook, Twitter et YouTube ont décidé de supprimer les comptes de l’ex-président Trump qu’ils accusent d’inciter à la violence.

Cela constitue un coup dur pour ce président connu pour son utilisation immodérée du réseau Twitter. Son compte était passé de 5 à 89 millions d’abonnés en cinq ans… probablement parce qu’il « tweetait » ses décisions avant de les partager par un canal officiel !

La suppression de ses comptes l’isole maintenant de ses sympathisants. Cette situation favorise le président en exercice, Joe Biden, qui arrivera aux mid-terms (milieu de son mandat électoral de quatre ans) l’an prochain.

Mais le président-milliardaire n’a pas dit son dernier mot. Pour contourner son éviction des principaux réseaux, il a annoncé la création de son propre réseau social, baptisé simplement Truth Social. Il diffusera également d’autres médias, tels que des podcasts ou des émissions de radio. Donald Trump a également passé un accord avec Rumble, une plateforme de diffusion de vidéos canadienne concurrente de YouTube, particulièrement populaire dans les milieux conservateurs.

Le nom choisi pour ce réseau n’est pas anodin : Truth signifie « vérité ». L’objectif de ce nouveau réseau est donc de permettre l’expression de ceux dont la voix serait bannie des autres réseaux, façon à peine voilée de désigner les partisans de Donald Trump.

En créant ce nouveau réseau, l’ex-président et certainement futur candidat Trump veut mettre fin à la « tyrannie des géants de la Tech », qui se sont arrogés seuls le pouvoir de lui interdire un formidable moyen d’accès au public. Ce nouveau réseau social ne dérogera probablement pas aux travers qui sont reprochés actuellement à Facebook ou Twitter, et les modérateurs de Truth seront certainement au moins aussi subjectifs que leurs homologues…

Fallait-il donc supprimer le compte d’un ancien chef d’État, qui compte encore de nombreux partisans, au motif que ses propos « incitent à la haine » ? Qui exercerait alors le contrôle de cette censure ?

Laisser une place à l’expression de la contestation est indispensable pour la vitalité de la démocratie. Mais le bon usage de la citoyenneté dans la démocratie veut aussi que nous soyons chacun responsables de nos paroles et de nos actes. 

Actuailes n° 141 - 26 janvier 2022