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Retour au calme au Kazakhstan

Retour au calme au Kazakhstan

25-01-2022 à 21:07:51

Des émeutes d’une violence inédite ont marqué la première semaine de janvier, au point de faire vaciller le pouvoir en place.

Le Kazakhstan est une république de l’ancienne Union soviétique qui est devenue indépendante en 1991. Il a conservé de cette époque la base spatiale de Baïkonour, d’une importance stratégique capitale pour son voisin russe. C’est aussi un régime historiquement autoritaire, qui n’a connu qu’un seul dirigeant de 1990 à 2019, Noursoultan Nazarbaïev. C’est enfin un pays riche en hydrocarbures, avec 75 % des réserves de la mer Caspienne.

Le 2 janvier dernier, quand le gouvernement a décidé de doubler le prix des carburants, la majorité du pays s’est embrasée. Almaty, la capitale économique du pays, a été l’épicentre de cette flambée de violence. On dénombre près de 225 morts, dont une vingtaine parmi les forces de l’ordre ; les images des bâtiments administratifs pris d’assaut et incendiés ont fait le tour des chaînes d’information. Pour ramener le calme, le nouveau président Tokaïev a décrété l’état d’urgence, ordonné d’ouvrir le feu sans sommation sur les manifestants, déployé les blindés dans les rues et fait appel à l’aide des pays voisins, dont la Russie. Les troubles auront duré une dizaine de jours.

Manifestations qui dégénèrent ou coup d’État ?

Les suites de la crise sanitaire s’accompagnent depuis plusieurs semaines d’une forte hausse des prix de l’énergie partout dans le monde. L’augmentation des prix « à la pompe » était aussi à l’origine du mouvement des Gilets jaunes en France en 2018. Vue de l’extérieur, cette mobilisation spontanée a pu d’abord s’expliquer simplement, pour des raisons sociales.

Mais le dessous des cartes est plus complexe. Il pourrait aussi s’agir d’un coup de force du clan de l’ancien président Nazarbaïev. Ses proches ont acquis d’immenses fortunes en deux décennies, notamment grâce à la manne pétrolière. Certains médias locaux voient en son neveu l’artisan de cette tentative de déstabilisation. Cet homme d’affaires serait proche des pays du Golfe… et des islamistes.

Avérées ou non, ces connexions servent de prétexte au pouvoir en place pour reprendre fermement la main sur le pays, sous couvert de lutte contre la menace terroriste. Samedi 22 janvier, les autorités annonçaient l’arrestation de plus de 450 personnes pour « terrorisme et troubles de masse », parmi lesquelles plusieurs membres des services de renseignement et de sécurité. Cette purge n’est pas sans rappeler celle faite en Turquie en 2016 par Recep Erdogan.

« Il est plus sûr d’être craint que d’être aimé. » Cette pensée de Machiavel pourrait bien servir de leçon au « pays des nomades1 ». 

1. « Kazakh » signifie littéralement « homme libre », c’est-à-dire « sans attache » ; par extension, « nomades » ou « mercenaires ». Ainsi, le Kazakhstan est le « pays des nomades ».

Actuailes n° 141 - 26 janvier 2022


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