Pourquoi le 25 janvier est férié en Egypte ?

En Égypte, le 25 janvier est férié. En ce même jour, les Égyptiens commémorent deux années : 1952 et 2011. La fête nationale du plus peuplé des pays arabes correspond donc à ce double anniversaire, et le pouvoir y attache à la fois une importance toute particulière et une vigilance certaine.

En 1952, le 25 janvier, les forces britanniques, qui occupaient alors l’Égypte, lancent un assaut sur un poste de police à Ismaïlia, une ville emblématique et occidentalisée du canal de Suez. Cinquante policiers égyptiens meurent. Suivront une longue série d’attaques et d’incendies de la part de la population égyptienne à l’encontre des troupes de la couronne.

Cette date correspond à la fête de la Police et est fériée en Égypte. Elle marque à la fois une douleur profonde dans le cœur des Égyptiens et le point de départ d’un mouvement de renversement d’un système qu’ils jugeaient oppressant et entravant la liberté et le développement du pays du Nil. En effet, cette même année, quelques mois plus tard, le colonel Gamal Abd el-Nasser, à la tête des « officiers libres », renverse le régime royal et s’empare du pouvoir, qui mènera au départ définitif des Britanniques.

Presque six décennies après…

En 2011, le 25 janvier encore, à la suite de la révolution tunisienne, le peuple égyptien bat le pavé, contestant la légitimité d’un pouvoir corrompu et englué dans l’immobilisme. Une mobilisation sans précédent permet aux masses de se regrouper dans le centre-ville du Caire, la plus grande ville d’Afrique. Les caméras se figent sur les événements et le monde arabe retient son souffle.

La foule aura raison de l’élite politique dirigeante et, après bien des incertitudes, élira président le maréchal Sissi, un autre militaire, soixante ans après Nasser et le coup d’État de 1952. L’histoire semble se répéter.

La fête du peuple, la retenue du pouvoir

Mais, pour que l’histoire ne se répète pas encore, le gouvernement égyptien s’efforce de se maintenir en place, en identifiant les éventuelles sources de troubles. Car, si les régimes changent, les difficultés persistent – bien sûr à des degrés différents et dans d’autres circonstances. La population égyptienne souffre d’inégalités criantes et manque, sinon de pain, du moins de visibilité sur son avenir. La démographie galope, la croissance économique se contracte et les problèmes sécuritaires persistent. Cela fait beaucoup. Surtout pour un pays de plus de 100 millions d’habitants, qui peine à faire redémarrer le tourisme, l’une de ses principales sources de revenus.

Les dirigeants n’ont qu’à bien se tenir. Un élan de désespoir arrive vite et, lorsque la fête – nationale – s’achève, les regards se tournent vers la tribune…

Abu Jibril

Actuailes n° 141 - 26 janvier 2022