Étonnant ! Edvard Munch a peint douze variations autour du thème des femmes sur un pont. Il devait vraiment être passionné par ce sujet et aimer reproduire le même thème avec quelques variantes.
Trois jeunes filles, toutes proches les unes des autres, s’appuient sur la balustrade d’un pont. Chacune porte une robe d’une couleur différente : blanche, rouge et vert clair. L’une d’entre elles porte un chapeau de paille. Elles se présentent davantage comme des taches de couleurs que comme des personnages précis. Aucun de leurs traits n’est en effet visible. Comme si elles faisaient partie du paysage. Même celle qui est la plus proche ne nous montre pas son visage.
Toutes les trois sont tournées vers la rivière, regardant ensemble le paysage.
Le pont se prolonge en un chemin montant et entraîne notre regard dans le lointain. En arrière-plan, une maison blanche aux fenêtre éclairées donne sur un jardin clos d’un mur, blanc lui aussi. Un immense arbre, comme une boule d’un vert sombre, cache d’autres maisons et se reflète dans une eau calme, celle du fjord d’Oslo. Le peintre norvégien aimait se rendre dans le village qu’il représente.
Si les formes sont définies, les détails ne prétendent pas se rapprocher de la réalité et le peintre applique ses couleurs à grands traits. La couleur du ciel semble avoir été appliquée après le dessin de la maison et des arbres, et le pinceau suit le contour du bâtiment. Il n’y a pas la continuité que l’on constate dans la nature.
Sur la berge, des traînées beiges figurant le sable se mêlent aux vertes qui évoquent l’herbe.
Dans le ciel aux ondulations bleues, un soleil de l’été scandinave se détache. À moins qu’il ne s’agisse de la lune. En cette courte saison d’été, le soleil ne se couche jamais et justifie le titre de l’œuvre, Nuit blanche.
Sophie Roubertie
Actuailes n° 141 - 26 janvier 2022
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