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Ces Italiens que la Chine n’a pas oubliés

Ces Italiens que la Chine n’a pas oubliés

08-02-2022 à 16:12:00

Deux étrangers ont marqué la mémoire collective chinoise, au point d’être les seuls retenus par le régime communiste dans son histoire officielle. Ils sont tous deux italiens, trois siècles les séparent : Marco Polo et Matteo Ricci.

 

Marco Polo, l’explorateur

Marco Polo est né en 1254 dans la Répu-blique de Venise, à l’époque où l’Italie n’était pas encore l’Italie. Il n’a que dix-sept ans quand il se rend en Chine avec son père et son oncle, marchands de la cité des Doges. Trois ans de voyage le long de la route de la soie le conduisent jusqu’à Cambalu, cité de l’empe-reur mongol Kubilaï Khan. Il restera dix-sept ans à son service, découvrant des civilisations et des territoires qu’aucun Européen avant lui n’avait parcourus : Cachemire, Tibet, Grande Muraille, Corée, Sumatra. Son grand regret sera de n’avoir jamais pu aller jusqu’à l’île mystérieuse de Cypango, le Japon d’aujourd’hui. Emprisonné lors d’une guerre entre Venise et Gênes, il conte ses aventures à son compagnon de cellule, qui en tire le célèbre Livre des Merveilles. C’est par ce biais que son odyssée nous est connue, et à partir de ces récits que les premières cartes d’Asie ont pu être dessinées.

Matteo Ricci, le missionnaire

Né en 1552 à Macerata, une cité des États pontificaux au centre de la Botte italienne, Matteo Ricci entre dans la Compagnie de Jésus en 1571, l’année de la bataille de Lépante. Animé de l’audace des premiers évangélisateurs, le prêtre jésuite arrive, en 1582, à Macao, alors comptoir portugais. Il apprend patiemment la langue et la culture chinoises, et, en 1601, celui que l’on appelle désormais « Li Madou » est le premier Occidental accueilli à Pékin, à la cour de l’empereur Wanli. Les présents qu’il lui offre sont très symboliques : un instrument de musique, une mappemonde et deux horloges à sonnerie. Tous illustrent un autre rapport au temps et à l’espace. Ce faisant, il met en pratique une « méthode » qui sera reprise par tous les missionnaires des siècles suivants : s’approprier la langue et la culture, s’adresser d’abord aux élites pour convertir les peuples, apporter la civilisation occidentale avec la doctrine chrétienne, respecter l’héritage et les traditions de ceux qui l’accueillent. Il meurt à Pékin en 1610, où il est enterré à proximité de la Cité interdite, par faveur spéciale de l’empereur.

C’est ainsi que Matteo Ricci confirma l’existence de l’antique « Cathay » décrite par Marco Polo. Cérémonieux et rusés comme des Italiens, tous deux s’étaient faits « Chinois parmi les Chinois ». C’était la condition nécessaire pour que leur mémoire passe à la postérité, et laisse un pont entre Pékin et Rome, entre Orient et Occident. 

Actuailes n° 142 - 9 février 2022


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