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Crise économique sans précédent en Turquie

Crise économique sans précédent en Turquie

08-02-2022 à 16:15:00

Les choix de politique économique et monétaire du président Recep Tayyip Erdogan ont de lourdes conséquences sur le quotidien des Turcs.

La Turquie a été gravement affectée par la conjoncture mondiale, ces deux dernières années, notamment par la hausse des prix des matières premières et surtout des hydrocarbures dans un pays énergivore, ainsi que les conséquences des confinements et des restrictions pour les transports et le tourisme, des secteurs essentiels de l’économie.

En un an, la livre turque a plongé et perdu près de la moitié de sa valeur. L’inflation grimpe à 36 %, affectant le pouvoir d’achat des Turcs, dans un pays où 40 % d’entre eux gagnent le salaire minimum, soit 220 euros par mois. Les loyers à eux seuls consomment la quasi-totalité du salaire des travailleurs. Tandis que la production diminue et que les prix croissent, les files d’attente s’allongent devant les boulangeries, les pharmacies et les stations-service.

Loin de résorber la crise, la Banque centrale turque l’a aggravée. Sous la pression du président Erdogan, elle a baissé ses taux d’intérêt, alors que les théories économiques classiques recommandent que les taux d’intérêt soient égaux ou supérieurs à l’inflation. Garant de la loi islamique qui interdit l’usure, le président, qui soigne son statut de chef d’État musulman, s’échine depuis plus d’un an et demi à éviter toute hausse des taux d’intérêt de la livre turque, provoquant un cercle vicieux d’inflation. « Si Dieu le veut, l’inflation baissera », s’est-il borné à répéter, mettant en place quelques mesures-
pansement, comme l’augmentation du salaire minimum ou la protection des dépôts bancaires.

Ces annonces n’ont pas suffi à faire taire le mécontentement croissant de la population. Des manifestations spontanées ont éclaté dans plusieurs villes du pays, y compris dans les bastions de l’AKP, le parti du chef de l’État. Elles ont été violemment réprimées et ont donné lieu à une centaine d’arrestations.

Pour Erdogan, qui a toujours misé sur la réussite économique, afin de gagner le soutien de ses électeurs, les échéances des prochaines élections présidentielle et législative de 2023 semblent périlleuses. Des sondages le donnent battu pour la magistrature suprême par le maire d’Istanbul comme par celui d’Ankara. La crise économique signera-t-elle la fin des vingt ans de règne du sultan ? 

Actuailes n° 142 - 9 février 2022


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