L’invasion de l’Ukraine par la Russie invite les pays européens à reconsidérer leur défense.
L’Alliance atlantique (OTAN) garantit l’aide américaine, mais la médaille a aussi son revers.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les pays européens ont mesuré à quel point ils dépendaient militairement des États-Unis pour pouvoir faire face à la menace que représentait le bloc soviétique pour leur survie. En 1949, ils se sont donc alliés au sein de l’organisation du traité de l’Atlantique Nord, en spécifiant que toute attaque à l’encontre de l’un des alliés sera considérée comme une attaque contre l’ensemble. Cela justifierait alors une réaction de secours des autres pays, pouvant aller jusqu’au recours à la force armée. Ce point fondamental constitue la clause d’assistance mutuelle décrite dans l’article 5 du traité de Washington.
L’Alliance regroupait douze pays au départ, elle a progressivement intégré de nouveaux membres, notamment après la dissolution de l’URSS en 1991. Ces États n’aspiraient qu’à pouvoir se prémunir d’une nouvelle mise sous tutelle.
L’OTAN a vite créé des structures permanentes et des procédures spécifiques pour faciliter les échanges. Les plus importants sont le Conseil de l’Atlantique Nord, au sein duquel les représentants des gouvernements des pays membres échangent des informations et expliquent leurs choix politiques aux autres, et le Comité militaire, qui regroupe les chefs d’état-major. L’Alliance s’applique également à rendre ses matériels capables de fonctionner ensemble.
L’OTAN ne dispose pas de ses propres troupes, chaque pays doit cotiser aux coûts de fonctionnement et faire les efforts budgétaires militaires nécessaires pour renforcer la crédibilité de l’édifice. Il serait, en effet, trop facile de bénéficier de la protection accordée par les autres pays sans avoir à en payer le prix.
La France a toujours cherché à préserver sa souveraineté pour ne pas dépendre d’un allié. Cela lui permet de passer outre les divergences de points de vue des partenaires qui bloquent les initiatives de l’OTAN. Elle est le seul pays européen à entretenir une force de dissuasion nucléaire, participant à garantir son autonomie stratégique.
Créée initialement pour contrer l’influence soviétique, l’Alliance aurait pu disparaître avec la fin de la Guerre froide. La France y a vu une occasion de développer la défense européenne, mais les autres pays n’ont pas vu les choses de la même façon. L’OTAN a donc perduré en élargissant le spectre de ses missions. Elle s’est étendue vers l’est de l’Europe en intégrant d’anciens pays satellites de l’URSS. Vu de Moscou, l’OTAN apparaît donc comme une menace à l’encontre de ses intérêts. La décision de ne pas faire intervenir l’OTAN pour défendre l’Ukraine vise à éviter le déclenchement d’une guerre de très grande ampleur contre la Russie.
Le savais-tu ?
Dans le cadre de l’OTAN, les États-Unis maintiennent une forte présence militaire en Europe.
Il existe des bases militaires américaines au Royaume-Uni, en Allemagne, en Espagne, etc.
Si les pays membres de l’OTAN sont tous européens, à l’exception des États-Unis et du Canada,
des coopérations renforcées sont établies avec de grands pays d’autres aires géographiques,
tels que l’Australie, le Japon ou encore la Nouvelle-Zélande.
Alexandre Thellier
Actuailes n°143 - 9 mars 2022
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