La famille Addams

À la fin des années 1930, Charles Addams dessine pour le magazine américain The New Yorker une série de vignettes mettant en scène une famille anti-conventionnelle, cultivant l’humour noir et macabre. Le succès est grand et sa création est adaptée plusieurs fois en feuilletons TV dès les années 1960, puis au cinéma, en comédie musicale, en jeux vidéo…

Le film a été réalisé en 1991 par Barry Sonnenfeld (Men in Black) et ce dernier a su, dès les premières images, reconstituer l’univers des Addams.

Dans un manoir gothique et délabré qui ressemble fort à celui de Psycho de Hitchcock, lui-même inspiré d’une peinture d’Edward Hopper, Morticia (Anjelica Huston) s’adonne à sa passion pour l’art floral et la botanique, alors que Gomez, son mari, fine lame redoutable, tyrannise sans malice son avocat d’affaires. Pendant ce temps, Pugsley et Wednesday, leurs enfants, inventent mille expériences qui les instruisent tout en les amusant… Une famille surannée d’aristocrates excentriques, mais sans avoir conscience de l’être, comme tous les vrais originaux, en somme.

Un lourd remords ronge Gomez depuis qu’il s’est fâché avec son frère aîné, Fester (Christopher Lloyd, le physicien fou de Retour vers le Futur), vingt-cinq ans plus tôt. L’avocat crapuleux et endetté saisit l’occasion qui lui est un jour présentée pour tromper Gomez et mettre la main sur la fortune des Addams.

Dans cette famille, toutes les normes semblent inversées : les parents, très fusionnels, ne pensent qu’à s’amuser, Wednesday est une enfant trop sérieuse, son frère aîné se soumet à toutes ses propositions avec enthousiasme, la grand-mère a de curieuses recettes de cuisine et les amis de la famille semblent tout droit sortis de Freaks1 !

Très vite, le spectateur va s’attacher à ces personnages dont les qualités principales sont l’amour et la bienveillance. De nombreux gags émaillent le récit où toutes les situations sont inversées : c’est de l’humour noir, mais jamais sinistre, comme une invitation à ne pas juger son prochain sur sa mine !

À voir en famille et en VO toujours ! 

1. Freaks ou La Monstrueuse Parade est un célèbre drame horrifique de 1932 réalisé par Tod Browning, mettant en scène de véritables acteurs difformes : des monstres de foire travaillant dans un cirque. Absolument impossible à tourner aujourd’hui dans le climat actuel de non-stigmatisation de qui que ce soit, c’est une œuvre pourtant culte pour de nombreux cinéastes, comme David Lynch avec Elephant Man, ou Tim Burton avec Miss Peregrine et les enfants particuliers (cf. Actuailes n° 64). Ce film restant, malgré ses quatre-vingt ans, toujours impressionnant, je ne le conseille qu’aux plus grands d’entre vous !

Catherine Bertrand

Actuailes n°143 - 9 mars 2022