Du fait de la crise ukrainienne et des choix de Poutine, certains établissements et personnes russes sont rejetés par une partie de la population française. Des restaurants russes sont vandalisés, des artistes russes sont renvoyés des opéras et orchestres où ils travaillent.
En France, près de La Roche-sur-Yon, le collège Soljenitsyne pourrait être débaptisé, pour être nommé collège Voline. Alexandre Soljenitsyne est un écrivain russe décédé en 2008.
Opposant historique au régime soviétique, il a beaucoup écrit sur les exactions de l’URSS et a reçu le prix Nobel de littérature en 1970. Ses écrits lui ont également valu d’être déchu de la citoyenneté russe. Parce qu’il partageait avec Poutine une vision de l’unité de la Russie, et que cette vision peut justifier l’annexion de l’Ukraine, un collectif rassemblant des syndicats et des groupes politiques souhaite débaptiser le collège qui porte son nom pour le nommer d’après Voline, un révolutionnaire anarchiste ukrainien mort en 1945. Condamné par le tsar pour insurrection, Voline s’était réfugié en France, d’où il a dû partir après ses prises de position antimilitaristes durant la Première Guerre mondiale, qui lui ont valu un mandat d’arrêt.
Il n’est pas question ici de débattre de la supériorité de l’un ou l’autre de ces personnages. En revanche, effacer tout ce qu’il y a de russe en France est dangereux, car c’est une lecture manichéenne de la crise. Or toute situation géopolitique est complexe par nature. Les simplifications sont dangereuses et mènent à des excès. On l’a vu après la Seconde Guerre mondiale, avec l’épuration, ou après la Première, avec le traité de Versailles.
Adélaïde Motte
Actuailes n°144 - 23 mars 2022
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