Ma chère Anne,
Sans doute as-tu déjà entendu d’autres enfants dire que c’est à cause de Charlemagne qu’il vous faut aller à l’école tous les jours. Ce n’est pas tout à fait vrai ; l’école telle que tu la connais aujourd’hui a été mise en place bien plus tard, mais l’empereur à la barbe fleurie a été le premier à demander
que des écoles soient créées dans son royaume.
Au début du règne de Charlemagne, presque personne ne sait lire en Gaule,
sauf quelques moines dans les monastères
et auprès des évêques. Charlemagne, qui lui-même
sait à peine signer, comprend l’importance de savoir lire, écrire et compter.
Il décide de tout mettre en œuvre pour que ses sujets en aient les moyens.
Il écrit officiellement aux évêques pour leur demander de créer des écoles
auprès des cathédrales et des monastères.
Pour être sûr que cela soit bien fait, ces écoles seront contrôlées
par les missi dominici, les représentants du maître. Ce sont des binômes, composés
d’un comte et d’un religieux (moine ou évêque), envoyés par l’empereur en mission
pour vérifier la façon dont les directives de Charlemagne sont appliquées
dans tout le royaume. Ces envoyés devront s’assurer qu’il y a bien une école,
que les professeurs sont compétents, que l’on prend soin des livres
et que les élèves s’appliquent.
Dans ces écoles, tous les enfants sont acceptés, quelle que soit la richesse
de leurs parents, et doivent apprendre à lire, à écrire et à compter.
Le roi des Francs demande aussi à ses sujets que l’on prenne soin des livres,
que l’on s’applique lorsqu’on les copie, et qu’on les conserve comme des trésors.
En effet, à l’époque, les livres sont très rares, parce qu’il faut beaucoup de temps
pour les copier un par un à la main. La demande de Charlemagne va être appliquée
par ses sujets au cours de son règne.
Connais-tu, ma chère Anne, cette histoire que l’on raconte à propos des élèves de l’école du Palais, à Aix-la-Chapelle ? Comme dans les autres écoles, suivant la demande de Charlemagne, il y avait parmi les élèves les enfants des nobles de la cour, et des enfants d’origine plus humble, fils des serfs qui travaillaient au palais impérial. Alors que les cahiers et les livres des enfants modestes sont très bien tenus, ce n’est pas le cas de ceux
des enfants nobles. Ils se sont fait bien gronder par l’envoyé, qui leur a dit ceci :
« Ce n’est pas parce que vos parents travaillent pour l’empereur que vous avez le droit de ne pas prendre soin de vos affaires et de ne pas bien connaître vos leçons ;
vous avez la chance d’aller à l’école, et vous devez vous appliquer à ce que vous faites. »
Alors, ma chère Anne, bon courage pour ces dernières semaines avant les vacances !
Je t’embrasse affectueusement.
Tante Cécile
Actuailes n°144 - 23 mars 2022
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