Aline

Il était une fois, au Québec, une petite fille pas très jolie, mais dont la voix, dès son plus jeune âge, était exceptionnelle. Voici comment, dans son sixième film en tant que réalisatrice, Valérie Lemercier a décidé de nous raconter l’histoire d’Aline Dieu, librement inspirée de la vie de Céline Dion.

Dans sa famille, Aline (Valérie Lemercier) est la petite dernière, cadeau du ciel arrivé bien après ses treize frères et sœurs. Issus d’un milieu modeste, ses parents tiennent une sorte de café-concert où toute la famille se produit en chantant des succès populaires et joyeux. Très vite, tous remarquent son talent de chanteuse. La pureté de sa voix est unique et convainc, à la première écoute, Guy-Claude, un impresario, de lui faire enregistrer des disques, passer des concours de chants, se produire à la télévision, au Québec et en France… Le succès est fulgurant et immédiat.

Alors que la vraie Céline Dion défraie la chronique des magazines populaires en livrant sa vie en pâture à ses fans, Lemercier évite le vulgaire, la caricature, et nous raconte une histoire tendre et drôle à la fois. C’est le portrait idéalisé d’une star mondiale pour qui, malgré son immense fortune, l’amour est le seul carburant qui vaille. Aline est forte et volontaire pour ceux qu’elle aime. Elle est sincère et touchante et l’interprétation de Valérie Lemercier donne beaucoup de délicatesse à ce personnage.

Lemercier n’a peur de rien : elle prend l’accent québécois, montre de mauvaises dents et adopte un look ringard pour coller au rôle, et, par un trucage habile, elle interprète Aline à tous les âges. Ses multiples métamorphoses physiques racontent le temps qui passe, la très grande expressivité de son visage apporte une touche de dérision qui transforme ce film en une fantaisie cinématographique, bien loin de l’hagiographie, mais toujours bienveillante.

À voir en famille, même si on ne raffole pas de Céline Dion !

Le savais-tu ?

Valérie Lemercier est née à Dieppe en 1964. Elle suit les cours du conservatoire de Rouen et commence à faire de la figuration. Premier rôle au cinéma à vingt-trois ans, elle enchaîne en alternant différents registres dans de nombreux films (Les Visiteurs en 1993, Le Petit Nicolas en 2009 ou encore Astérix et Obélix au service de sa majesté en 2012). Humoriste, elle a effectué des tournées « seule en scène ». On a pu la voir au théâtre (deux Molières). Elle a aussi doublé des dessins animés (elle est Ginger dans Chicken Run) et sorti une douzaine de disques. Réalisatrice, elle est aussi co-scénariste de ses six films, dont le premier, Quadrille (1997) est une adaptation très réussie de l’œuvre de Sacha Guitry. Grande et mince, elle incarne le « chic parisien » avec son humour mordant, mais jamais vulgaire. Avec Aline, elle vient de remporter son troisième César, cette fois-ci en tant que meilleure actrice.

Catherine Bertrand

Actuailes n°144 - 23 mars 2022