Après une campagne plutôt calme, les douze candidats abordent la dernière ligne droite avec une seule question : qui seront les deux qualifiés pour le second tour ?
Président sortant, Emmanuel Macron caracole en tête des sondages qui lui promettent une large réélection le 24 avril. Il n’a quasiment pas fait campagne auprès des Français, se déclarant très occupé par la guerre en Ukraine. Il a toutefois effectué ces derniers jours quelques déplacements en province et tenu un grand meeting à Paris le 2 avril devant 30 000 partisans. Ses principaux électeurs devraient être les catégories sociales supérieures, les habitants des grandes métropoles et les retraités plutôt aisés. Sa capacité à mobiliser les jeunes est une inconnue.
Face à lui, Marine Le Pen semble bien placée pour accéder une nouvelle fois au second tour. Elle a réalisé une campagne de terrain, se façonnant une image de candidate proche des préoccupations des Français. Elle pourrait rassembler les classes plus populaires, les habitants des petites villes et des campagnes, mais également ceux des régions connaissant des difficultés économiques, comme le Nord.
Les outsiders
Jean-Luc Mélenchon est le seul candidat à émerger à Gauche. Ses positions radicales, en économie ou sur la société, attirent un public nombreux, comme l’atteste son dernier meeting à Toulouse devant 20 000 personnes. Il pourrait bénéficier d’un fort soutien des fonctionnaires et de la population d’origine immigrée vivant en banlieue.
Éric Zemmour reste la grande inconnue du 10 avril. Il est le plus actif sur les réseaux sociaux et ses meetings attirent une foule nombreuse, comme au Trocadéro le 27 mars avec plus de 100 000 participants. Son parti Reconquête a connu un succès fulgurant, mais les sondages ne lui prédisent que 10 % des voix, bien loin de ses espérances.
Les inconnues
Il est bien difficile à ce stade d’affirmer de manière certaine qui sera au second tour. La première inconnue réside dans le taux de participation. En effet, l’abstention pourrait être favorisée par différents facteurs : début des vacances de la zone B, campagne anesthésiée par la covid puis la guerre en Ukraine, et le sentiment que les jeux sont faits avec un duel Emmanuel Macron/Marine Le Pen.
Une des clés du succès sera donc la capacité de certains candidats à mobiliser leurs troupes. C’est un vrai sujet de préoccupation pour les deux favoris.
La seconde inconnue réside dans la fiabilité des sondages. En effet, ils ont été assez performants sur les dernières élections. Mais, en 2002, Jean-Marie Le Pen n’était crédité que de 8 % des intentions de vote à une semaine de l’élection. Il en obtint le double à la surprise générale. C’est l’espérance des deux outsiders, et surtout des équipes d’Éric Zemmour, qui évoquent un « vote caché ». En effet, ses futurs électeurs auraient tendance à ne pas déclarer leur soutien par peur, tant leur candidat est décrié.
Enfin, le score des autres candidats pèsera sur ce scrutin. Les électeurs de Valérie Pécresse pourraient avoir tendance à renforcer ceux d’Emmanuel Macron et d’Éric Zemmour. Quant aux électeurs de Gauche, ils pourraient effectuer un vote utile pour Jean-Luc Mélenchon, qui est le seul à sembler pouvoir accéder au second tour.
Alors, un second tour Macron/Le Pen ? Ou Zemmour/Macron, voire une percée surprise de Jean-Luc Mélenchon ? Réponse le 10 avril à 20h !
Julien Magne
Actuailes n°145 - 6 avril 2022
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