Guerre en Ukraine : quel message de paix ?

Après plus de deux mois de guerre, seules quelques rares voix s’élèvent pour appeler à la paix alors que monte le spectre d’une guerre nucléaire.

Depuis le 24 février nous sont présentés héroïsme ukrainien, folie du président russe, sanctions légitimes à l’encontre de la Russie, accusations de désinformation… Mais on entend peu d’appels aux pourparlers pour obtenir un cessez-le-feu et la paix.

Au contraire, l’Occident appelle à plus de sanctions envers la Russie – bancaires, énergétiques (gaz, pétrole), économiques... en outre, les États-Unis cherchent maintenant à interdire tous liens commerciaux avec des entreprises russes – ; il fait aussi pression sur ses alliés pour prendre position contre la Russie, à l’ONU notamment, et augmente son appui à l’Ukraine avec plus de 10 milliards d’euros offerts par l’Union européenne, dont 1,5 milliard d’équipements militaires (incluant des armes).

Sur l’analyse du conflit, quelques nouvelles hypothèses émergent pour en expliquer la raison. On évoque moins l’intention de Vladimir Poutine d’envahir l’intégralité de l’Ukraine, et de menacer les pays de l’OTAN limitrophes de la Russie. Les spécialistes commencent à reconnaître que les Occidentaux ont pu la pousser à intervenir pour sauvegarder ses intérêts et ceux de la population russe dans l’est de l’Ukraine. Certains estiment même que les États-Unis souhaitent épuiser la Russie militairement et économiquement pour longtemps afin de se concentrer sur la Chine avec qui un conflit paraît évident à moyen ou long terme. Rappelons ici que les États-Unis, contrairement aux Européens, subissent assez peu les effets des sanctions à l’encontre de la Russie et qu’au contraire ils leur proposent énergie et alimentation, pour leur propre bénéfice.

Cette situation pourrait bien nous mener à une guerre nucléaire. Nous en sommes déjà aux portes, puisque Vladimir Poutine ne cesse de répéter que son pays est doté d’un armement complet dans ce domaine et que l’OTAN pense plausible l’emploi d’armes nucléaires. Bien sûr, cela participe d’un effet dissuasif, mais on aurait tort dans ce cas de 
souffler sur les braises. Le jeu des États-Unis semble manquer de clarté : déjà de Gaulle affirmait durant la guerre froide que les Américains ne mourraient pas pour Hambourg ; Joe Biden a affirmé récemment qu’aucun de ses soldats ne mourrait pour Kiev. Les Américains se sentent à l’abri des armes nucléaires russes. Ce n’est clairement pas le cas des Européens, ni celui de la France.

Que faire ? Il faut sans tarder ouvrir une porte pour offrir une issue à ce conflit et promouvoir un lieu de dialogue entre les parties. L’OSCE1 ou l’ONU, à l’abri des manipulations de l’information, pourraient l’être.

1. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) est un forum de discussion entre les différents pays du continent européen. Elle ne peut imposer de décision, elle statue sur un consensus de ses membres et, de ce fait, exige un véritable dialogue.

Alexis Mennesson

Actuailes n°146 - 11 mai 2022