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L'Indonésie suspend l'exportation d'huile de palme

L'Indonésie suspend l'exportation d'huile de palme

10-05-2022 à 16:03:00

Jeudi 28 avril, l’Indonésie a suspendu temporairement toute exportation d’huile de palme. 
Cette décision inédite est une conséquence indirecte de la guerre en Ukraine.

Freiner la hausse des prix

L’huile de palme est un ingrédient de base pour de nombreux Indonésiens. Elle sert aussi de biocarburant, occupant une place importante dans le mix énergétique du pays. Cette huile très bon marché est aussi présente dans plus de 50 % des produits empaquetés dans nos grandes surfaces, comme les pâtes à tartiner ou les shampoings. Ainsi, deux tiers de la production annuelle (49 millions de tonnes) de l’archipel asiatique sont destinés au marché mondial. Si le gouvernement a suspendu les exportations, ce n’est pas à cause d’une pénurie, mais pour contenir la hausse des prix pour le consommateur indonésien.

La loi du marché

Le marché des huiles végétales connaît une hausse généralisée des prix depuis le début d’année. Il y a eu des problèmes de main-d’œuvre en Malaisie (deuxième producteur mondial d’huile de palme), mais aussi des sécheresses en Argentine (premier exportateur d’huile de soja) et au Canada (principal exportateur d’huile de colza). Surtout, Russie et Ukraine sont en guerre : ils ne fournissent plus d’huile de tournesol, alors qu’ils honoraient jusqu’à présent 80 % de la demande mondiale. Faute d’une offre suffisante sur ces oléagineux, la demande s’est donc reportée sur l’huile de palme : son prix a augmenté de 75 % en un an. La pression tarifaire devenait inacceptable pour le marché intérieur indonésien. 

Cette décision aura des conséquences immédiates pour les principaux importateurs : Inde, Chine, Pakistan, Afrique. Elle va aussi nourrir l’inflation dans les pays occidentaux : tous les produits à base d’huile de palme vont devenir plus rares, donc plus chers, tandis que les recherches d’alternatives risquent d’augmenter, et avec elles les prix sur toute la chaîne de production. 

Reste qu’il s’agit d’une décision « à double tranchant » pour l’État indonésien : premier producteur mondial, le pays n’a pas la capacité de stocker les quantités invendues (2 millions de tonnes par mois) ; premier exportateur mondial, il ne pourra pas se priver longtemps de cette source de revenu (20 milliards de dollars en 2020). Pour ces raisons, les analystes estiment que l’interdiction temporaire sera rapidement levée. Avec la mondialisation de l’économie, tous les pays deviennent très dépendants les uns des autres, donc plus vulnérables.

Le savais-tu ?

L’huile de palme est décriée pour le coût écologique de son extraction, à l’origine de déforestations massives dans les pays producteurs. 
De nombreuses entreprises préfèrent utiliser d’autres huiles végétales de substitution pour préserver l’environnement… et le font figurer sur les emballages, pour attirer 
les consommateurs sensibles à cette question !

Actuailes n°146 - 11 mai 2022


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