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Aujourd’hui lecteur, demain leader !

Aujourd’hui lecteur, demain leader !

10-05-2022 à 16:06:00

L’UNESCO a déclaré le 23 avril Journée mondiale du livre. Cette date a été choisie en hommage notamment à Cervantes et Shakespeare qui se sont éteints un 23 avril. Une bonne occasion 
d’explorer un peu la place du livre et de la lecture sur le continent africain…

Àpremière vue, la lecture semble un élément étranger au système culturel africain : acte solitaire et silencieux, elle s’insère mal dans une culture où prévalent la transmission orale, de génération en génération, et le sens de la collectivité. En outre, la lecture peut être perçue comme une obligation scolaire éloignée des réalités du quotidien.

L’accès au livre en Afrique est difficile. Pourtant, la lecture est considérée, avec raison, comme la seule compétence dont dépend l’acquisition de toutes les autres. 

Afin de faire évoluer cette situation, la commission de l’Union africaine a conçu une stratégie continentale de l’éducation pour l’Afrique (appelée CESA 16-25) et s’applique à promouvoir le livre et la lecture. 

Par ailleurs, depuis quelques années, des jeunes se sont mobilisés pour changer le comportement d’une grande partie des Africains face à la littérature. Ils mettent en place des initiatives pour installer la lecture dans le quotidien des enfants grâce à des espaces de lecture mis gratuitement à la disposition des habitants. 

En Côte d’Ivoire ont été lancées des opérations innovantes baptisées : « Je veux grandir avec mon livre » ou « Jamais sans mon livre » pour les enfants de deux à dix-huit ans. Les objectifs se basent d’abord sur le pouvoir des jeunes enfants d’inventer et de bâtir des histoires autour de simples images. Sans savoir lire encore, ils deviennent les auteurs d’un texte imaginé… Puis ils sont guidés vers des activités de reconstitution et d’invention d’histoires. Ces associations donnent le goût de la lecture à un public n’ayant pas accès aux livres, et se démènent pour lutter contre l’analphabétisme en tentant de contourner les nombreux obstacles d’ordre matériel. 

En Afrique, les enfants ne voient pas leurs parents ou leur entourage lire, et les livres sont rares dans les écoles. Ils sont parfois l’objet d’un souci de protection excessive ou, a contrario, d’un manque de contrôle. Que penser de cette école où la « bibliothèque » est dans le bureau du directeur, de cet autre établissement où les élèves doivent rédiger une fiche-résumé chaque fois qu’ils rendent un livre, sont punis pour l’avoir gardé trop longtemps, encourent une peine de suspension de bourse en cas de perte d’un ouvrage ; ou encore de cette dernière école où les quelques livres existants ont tous disparu en moins d’une semaine ?

Espérons qu’un jour l’adage populaire africain : « Si vous voulez cacher quelque chose à un Africain, mettez-le dans un livre » n’aura plus vraiment lieu d’être et que la fameuse expression : « Alors on dit quoi ? » (pour prendre des nouvelles d’un tiers) pourra être complétée par un « Alors… on lit quoi ? » !

Euphémie de Beauregard

Actuailes n°146 - 11 mai 2022


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